Iran: abolition de la police des moeurs

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La rédaction

L’Iran a annoncé la suppression de la police des mœurs, à l’origine de l’interpellation de Mahsa Amini. Considérée comme un geste envers les manifestants, cette annonce est arrivée après que les autorités aient décidé de modifier une loi de 1983 qui rendait le port du voile obligatoire en Iran, quatre ans après la révolution islamique de 1979.

Des moeurs bien ancrées

Depuis le décès de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs, les vagues de contestations ne s’arrêtent plus, malgré la répression qui a déjà fait de nombreux morts.

Cité par l’agence de presse Isna, Mohammad Jafar Montazeri, procureur général a dernièrement déclaré : “La police des moeurs (…) a été abolie par ceux qui l’ont créée”.

“La meilleure façon de faire face aux émeutes c’est de prêter attention aux véritables revendications du peuple”, la plupart liées “aux moyens de subsistance et aux questions économiques”, a annoncé le porte-parole de la présidence du Parlement Seyyed Nezamoldin Moussavi, cité par Isna. 

Certains Iraniens ont émis des doutes sur les réseaux sociaux face à l’annonce de la suppression de la police des mœurs. Les uns craignant que le rôle de la police des mœurs ne soit repris par un autre organisme, les autres remémorant la pression sociale exercée jusque dans les familles.

Après 1979, des “comités de la Révolution islamique” qui relèvent des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, menaient des patrouilles pour faire appliquer le code vestimentaire et les “moeurs” en Iran.

La police des moeurs, a été créée par le Conseil suprême de la Révolution culturelle sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), afin de “répandre la culture de la décence et du hijab”. Les patrouilles de cette unité avaient débuté en 2006, afin de faire appliquer un code vestimentaire strict pour les femmes. Toute femme enfreignant le code risquait d’être interpellée. 

Il y a quelques mois, Ebrahim Raïssi, président ultraconservateur, a appelé à la mobilisation de “toutes les institutions pour renforcer la loi sur le voile”, dévoilant que “les ennemis de l’Iran et de l’islam voulaient saper les valeurs culturelles et religieuses de la société”. 

Une nouvelle loi sur le voile

Le procureur Mohammad Jafar Montazeri a dévoilé que “le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient”, sur le sujet du voile obligatoire, sans apporter de précision sur ce qui serait potentiellement modifié dans la loi.

En Iran, l’obligation du port du voile est une question extrêmement sensible, sur laquelle s’affrontent deux camps : les conservateurs qui soutiennent la loi de 1983, et les progressistes qui veulent donner aux femmes le droit de choisir le port du voile ou non. Selon la loi actuelle, les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, ont obligation de porter un voile et des vêtements amples en public.

Depuis le décès de Mahsa Amini et de toutes les manifestations entrainées par sa mort, le nombre de femmes se découvrant la tête n’a cessé n’augmenter, particulièrement dans le nord de Téhéran.

Une semaine après le début des manifestations, le principal parti réformiste iranien a exhorté l’État à lever l’obligation du port du voile.

Les autorités estiment les manifestations comme des “émeutes” et incriminent les forces étrangères d’être à l’origine de cette révolte afin de déstabiliser l’Iran.

D’après le dernier bilan dévoilé par le général Amirali Hajizadeh, du corps des gardiens de la Révolution, plus de 300 personnes ont été tuées lors des manifestations.

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