Sandrine Josso, députée Modem Loire-Atlantique a été droguée à son insu avec de l’ecstasy par le sénateur Joël Guerriau, 66 ans. L’homme a été mis en examen pour “administration à une personne à son insu d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle”. Sandrine Josso, aujourd’hui engagée contre ce phénomène, est chargée d’une mission sur la soumission chimique confiée par le Premier ministre, et témoigne aujourd’hui de ce qu’elle a vécu.
Que s’est-il passé le 14 novembre dernier ?
J’ai été invitée par le sénateur pour fêter sa réélection. Il m’avait annoncé : “finalement, on fait ça chez moi”. Je lui avais même précisé que “je ne resterai pas très longtemps parce que je dois retourner dans l’hémicycle en fin de soirée”.
Donc vers 20h15, j’arrive chez lui. J’étais la première et je me suis aperçue que j’étais la seule invitée. Je me suis assise dans le canapé et il est allé dans la cuisine préparer deux coupes de champagne. Nous avons trinqué pour sa réélection et au bout de quelques minutes, j’ai senti que j’avais une sorte de malaise, avec des nausées et des palpitations.
Vous vous êtes-vous rendue compte que vous étiez droguée ?
Sur le moment, je pensais que c’était parce que j’étais à jeun. J’ai mangé et les symptômes continuaient d’augmenter. Puis, des choses bizarres se passaient : il m’a fait trinquer une première fois, une deuxième fois puis une troisième fois pour que je boive.
De plus, il se levait et allait changer l’intensité de la lumière. Après il m’as dit “je vais te resservir un verre”, donc il retourne dans la cuisine. J’aperçois qu’il a dans sa main un sachet blanc. Là, je comprends. Je me rends compte que le sachet c’est de la drogue. Je suis prise de panique.
De quelle façon vous vous en êtes sortie ?
Je prends mon téléphone et je commande un taxi. Je lui ai dis que je j’allais repartir et là il me dit “mais non reste, on va faire la fête” en étant vraiment très insistant. Je me lève avec difficulté pour partir et il me suit sur le palier, dans l’ascenseur, dans la cour de l’immeuble, et dans la rue jusqu’à ce que je monte dans le taxi.
J’appelle un collègue député pour venir me chercher, puis dans la soirée même je me rends à l’hôpital. J’ai pu avoir une prise de sang et le médecin m’as expliqué que, effectivement, il y avait au moins de l’ecstasy dans mon sang.
La police a-t-elle repéré la drogue chez le sénateur ?
Absolument, des chiens spécialisés ont reconnu la drogue. Deux jours plus tard, nous avons été confrontés par les enquêteurs. Lors de cette entrevue, il a expliqué qu’il s’est procuré cette drogue par un autre sénateur dont il n’a pas dit le nom.
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