Nadia Calviño : la ministre de l’économie espagnole à la tête de la Banque européenne d’investissement (BEI)

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Nadia Calviño, la ministre espagnole de l’Économie, a été choisie pour présider la Banque européenne d’investissement (BEI). À l’aise dans les rapports de force, la ministre allie un profil de technicienne rompue aux arcanes de l’UE à celui de femme politique pragmatique.

Nadia Calviño, première femme à diriger la Banque européenne d’investissement (BEI)

La BEI a connu sept présidents depuis sa création en 1958, mais “tous des hommes et aucun Espagnol”, avait regretté Nadia Calviño lors de l’annonce de sa candidature. Cette économiste de 55 ans, disait aussi vouloir devenir la première femme à diriger cette institution considérée comme le bras financier de l’UE.

Une volonté réalisée pour Nadia Calviño, élue comme successeur à l’Allemand Werner Hoyer, dont le deuxième mandat de six ans expirait fin de d’année 2023. Elle remporte la présidence, désignée par les ministres européens de l’Économie et des Finances, face à la Danoise Margrethe Vestager et à l’Italien Daniele Franco.

La stature internationale de la ministre en est renforcée. Cette élection vient souligner que Nadia Calviño s’impose depuis son entrée en politique il y a cinq ans. Nadia Calviño devient la figure du gouvernement de gauche espagnol, dont elle incarne l’aile libérale, garante de l’orthodoxie budgétaire face à la gauche radicale.

La politicienne, originaire de La Corogne 

Nadia Calviño est née en 1968 à La Corogne, ville portuaire de Galice (nord-ouest), mais a grandi à Madrid, où elle a étudié les sciences économiques, puis le droit. Elle est la fille de l’avocat José María Calviño Iglesias nommé au début des années 1980 à la tête de la télévision publique par un gouvernement socialiste.

Elle entre dans la haute fonction publique espagnole à l’issue de ses études. Cette experte pragmatique a occupé des postes de direction au ministère de l’Économie, aussi bien sous le Premier ministre conservateur José María Aznar que sous le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero.

La ministre parle couramment anglais, français et allemand. Elle a notamment travaillé comme interprète pour financer ses études. En 2006, elle part pour Bruxelles, où elle devient directrice générale du Budget de la Commission européenne.

Vice-présidente du gouvernement et ministre de l’économie

Sa carrière politique débute en 2018. Pedro Sánchez, tout juste nommé Premier ministre après avoir renversé le conservateur Mariano Rajoy au Parlement, lui propose le ministère de l’Économie. Avec cette nomination elle obtient aussi le statut de vice-présidente du gouvernement.

Le choix de ce profil technocratique visait à envoyer un signal de stabilité aux marchés, sceptiques face à la majorité hétéroclite rassemblée par le socialiste. Le pari est réussi malgré les tensions constantes qui opposait Nadia Calviño aux ministres de gauche radicale au sein de l’exécutif.

Depuis 2018 dépeinte comme cordiale mais dure en négociation, cette fan du cinéma des années 1950, a eu la lourde tâche de gérer l’économie espagnole face à la crise sanitaire qui a provoqué une chute libre du PIB du pays. Par la suite, Nadia Calviño a dû faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Présidente du Comité monétaire et financier du FMI

Avec un certain succès, l’Espagne réussit à se hisser parmi les économies les plus dynamiques de la zone euro depuis 2022. Avec une inflation parmi les plus faibles de la zone euro (3,2% en novembre sur un an, après une baisse à 1,9% en juin) et 5,5% de croissance l’an passé.

Cette mère de quatre enfants avait échoué en 2020 à prendre la tête de l’Eurogroupe, malgré la campagne menée par Madrid auprès de ses partenaires européens. Souriante lors de ses interventions au ton toujours mesuré, Nadia Calviño a en revanche, été choisie  pour présider le Comité monétaire et financier du FMI en décembre 2021.

Le manque de parité: “une question que nous devons prendre au sérieux”

En mai 2022, elle refuse d’être prise en photo aux côtés de plusieurs chefs d’entreprises lors d’un forum économique à Madrid, après avoir réalisé qu’il n’y avait que des hommes. Grande amatrice de broches en forme d’animaux, assorties avec soin à ses tenues, Nadia Calviño souligne le manque de parité dans les cercles de pouvoir.

C’est “une question que nous devons prendre au sérieux” et qui est “fondamentale du point de vue du bon fonctionnement de nos sociétés”, explique-t-elle. À cette date, elle promettait de ne plus jamais participer à des débats où elle serait la seule femme.

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