Nomination de Ketanji Brow Jackson : la magistrate face aux polémiques

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La rédaction

La magistrate américaine Ketanji Brown Jackson a affronté cette semaine l’examen de sa candidature à la Cour suprême des Etats-Unis. Elle avait été choisie par Joe Biden en février. Le président avait promis durant sa campagne de nommer une femme noire au sein de la haute institution.

Le rôle de « modèle » de la magistrate

La juriste a conscience d’être un « modèle » pour de nombreux Afro-Américains « Depuis, j’ai reçu tellement de messages, de lettres et de photos de petites filles de tout le pays qui m’ont fait part de leur enthousiasme », a-t-elle rapporté « Parce que je suis une femme, une femme noire, ça veut dire beaucoup pour les gens ». Elle a ensuite tenu à remercier et à rendre hommage à ses parents qui lui ont permis de se hisser à ce niveau et qui « pour exprimer leur fierté de leur héritage et leur espoir en l’avenir, (lui) ont donné un prénom africain, Ketanji Onyika, signifiant *la charmante* ».

La magistrate de 51 ans a souligné sa « chance » d’être née après les grandes luttes pour les droits civiques qui ont fait tomber des lois racistes.

Elle souhaite que son parcours augmente la « confiance » des afro-américains dans le système judiciaire « Les gens vont comprendre que les tribunaux sont comme eux, que nous les juges sommes comme eux » espère-t-elle.

Cory Booker, sénateur démocrate s’est exclamé lors de l’audition de Ketanji Brown Jackson « Je ne laisserai personne me voler ma joie », il a ajouté face à la juriste émue aux larmes « vous avez travaillé pour en arriver là, vous méritez votre place »

Selon un sondage, seuls 19% des américains sont opposés à sa confirmation et 47% sont pour.

Une nomination qui ne fait pas l’unanimité

Mais sa nomination amène de nombreuses polémiques, surtout du côté des Républicains, qui restent pourtant grandement majoritaires à la Cour suprême, avec six sièges sur neuf.

Le sénateur républicain Ted Cruz l’accuse d’avoir tout au long de sa carrière « milité pour les prédateurs sexuels » car elle a distribué des peines « inférieurs aux réquisitions dans 100% des dossiers de pédopornographie » qui lui ont été soumis. Plusieurs démocrates ont tenu à lui apporter leur soutien face à ces accusations en rappelant que 70% des peines prononcées dans ce type d’affaires étaient inférieures au barème. La juge quant à elle a répliqué « Si vous regardiez plus largement la centaine de décisions que j’ai rendues, et celles des autres juges (…), vous verriez que nous essayons tous de prendre en compte l’ensemble des facteurs pertinents pour rendre la justice de manière individualisée » avant de rappeler que ces affaires l’avait « horrifiée » et qu’elle en faisait « encore parfois des cauchemars ».

Le sénateur l’accuse également de soutenir la « théorie critique de la race », une théorie conservatrice qui affirme que l’on oblige les enfants blancs dans les écoles à se voir comme des oppresseurs et les enfants noirs comme des victimes.  « C’est une théorie académique qui analyse le racisme au niveau institutionnel »; et « n’est enseignée à mon sens qu’en faculté de droit » a-t-elle rétorqué. « Mais je ne l’ai jamais étudiée ni utilisée dans mon travail de juge et je ne le ferai pas si je suis confirmée à la Cour suprême. ».

D’autres élus républicains lui ont reproché d’avoir défendu des criminels endurcis quand elle était avocate, ce à quoi la magistrate a rappelé le droit de chacun à un avocat aux Etats-Unis « c’est ce qui fait notre grandeur ».
Ketanji Brown Jackson est restée évasive sur les sujets politiques, conformément aux usages et a martelé « Je n’importe pas mes vues personnelles ou mes préférences dans mes décisions ».

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