La députée Estelle Youssouffa sur la suppression du droit du sol à Mayotte : “c’est le seul moyen”

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Le droit du sol à Mayotte pourrait bien disparaître. Une “décision radicale” proposée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors de son récent voyage sur l’île d’Outre-mer. En cause, des flux migratoires trop importants qui représentent aujourd’hui plus de la moitié de la population des mahorais. Estelle Youssouffa, députée LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), engagée pour l’amélioration de son île natale, exprime son désarroi sur Europe 1, face à “l’afflux quotidien de centaines de migrants qui débarquent” sur les plages de Mayotte.

90% de bébés nés étrangers 

Il y a 50% d’immigrés à Mayotte, selon l’INSEE. “Sur l’île, il y a 12 000 naissances par an. 90% de ces naissances sont de mères étrangères qui se voient automatiquement protégées (par le droit du sol), donc inexpulsables, parce qu’elles ont un enfant potentiellement français. Voilà le sujet de l’abolition du droit du sol” expose la députée LIOT au micro de Laurence Ferrari.

Depuis l’instauration du “visa Balladur” (nom du Premier ministre de l’époque) en 1995,  les Comoriens de l’archipel voisin, situé à 60 km de Mayotte dans l’océan indien, doivent être munis d’un visa pour se rendre à Mayotte. Depuis, l’immigration clandestine augmente rapidement. 

75% des mères ayant des enfants sont de nationalité étrangère

“Du fait de ces flux (migratoires) importants”, selon une étude statistique de l’Insee publiée en 2019, “la population de nationalité étrangère progresse fortement: près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers sont nés à Mayotte”.

Selon le bilan démographique 2022 de l’INSEE consacré à l’île, comme chaque année depuis 2016, 75% des mères ayant des enfants sont de nationalité étrangère (68% de naissances de mères comoriennes, 6% de mères malgaches et 1% du reste du monde principalement d’Afrique de l’Est). La moitié des pères ayant un enfant sont de nationalité étrangère, principalement comorienne. Au final, 55% des nouveau-nés de 2022 ont au moins un parent français et naissent ainsi français.

Suppression du droit du sol : la solution ?

“Il n’y a pas de solution miracle pour régler 20 ans d’incurie”, explique Estelle Youssouffa lorsqu’on lui demande si elle approuve une possible suppression du droit du sol. Malgré cela, elle estime que “la suppression du droit du sol est le seul moyen d’empêcher l’afflux quotidien de centaines de migrants qui débarquent sur nos plages”.

Cette suppression vise à stopper un phénomène à Mayotte : “des mères qui font des ‘bébés papiers’ “. Par la suite, ces enfants sont abandonnés car leurs mères n’obtiennent pas leurs visas mais laissent leur enfant sur le territoire.

Estelle Youssouffa explique que ces enfants “c’est ce qu’on appelle les “nini”: ni expulsables ni régularisables. Beaucoup d’entre eux basculent dans l’hyper violence quand ils comprennent qu’ils n’auront jamais les papiers. 80% des élèves sont étrangers dans nos classes”.

Ils “deviennent des bêtes sauvages avec des machettes”

La députée parle d’enfants “traumatisés” qui sont “éduqués par le chevalier blanc de service”, bien souvent des enseignants qui viennent faire de l’humanitaire “à coups de prime”.

Les enfants grandissent, en pensant pouvoir obtenir leurs papiers un jour, “bassinés de grandes idées”. Mais “souvent à la préfecture, on finit toujours par leur dire non” regrette Estelle Youssouffa. Livrés à eux-mêmes, les enfants grandissent dans des conditions d’ “hyper violence”.

Dès la pré-adolescence, des gangs se forment et ils “deviennent des bêtes sauvages avec des machettes”. Cette situation de plus en plus dangereuse concerne les très jeunes, à partir de 10/12 ans, “ils découpent des gens en morceaux” déplore la députée.

Mayotte demande d’adapter la Constitution

“Quand il s’agit de faire les efforts, Mayotte est toute seule” souligne Estelle Youssouffa. Après s’être “battue” pour rester dans la République française, l’île demande au reste du pays “d’adapter la Constitution en fonction des enjeux de l’époque” selon la députée, qui se dit quand même “réticente” face à la suppression du droit du sol.

Française depuis 1841 après plusieurs votes, “le territoire est le plus consulté pour le rester”. Estimant que Mayotte est un territoire accueillant, Estelle Youssouffa rappelle que ” Mayotte n’a pas de leçon à recevoir en humanité ou grand principe. La moitié de la population est étrangère. Nous savons accueillir, mais nous n’y arrivons plus”.

“Je suis convaincue que, une fois que le reste du pays aura goûté au bonheur d’accueillir autant de migrants, nous aurons tout de suite moins de difficultés pour déployer la Marine nationale, protéger notre frontière et empêcher que chaque jour des centaines de migrants débarquent sur les plages à Mayotte” ironise-t-elle.

Estelle Youssouffa, engagée depuis 5 ans 

Lors de sa campagne, Estelle Youssouffa s’etait engagée fortement dans la lutte contre l’immigration en provenance des Comores. Elle a notamment dirigé une coalition de militants anti-immigration et a présidé un collectif de citoyens engagés dans le mouvement social qui avait organisé un blocage de l’île il y a cinq ans. L’objectif de cette mobilisation était là aussi, de lutter contre l’immigration clandestine, ainsi que les nombreuses violences qui en découlent.

Cette remise en cause du droit du sol sur le territoire de Mayotte, pose aussi cette question concernant tout l’hexagone. Le sondage du CSA pour CNews, dévoile que 73% des français sont favorables à la suppression du droit du sol à Mayotte et 65% favorables sur l’ensemble du territoire français.

Lire aussi – Mayotte : le combat de la députée Estelle Youssouffa

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