JO 2024 : la réfugiée afghane Marzieh Hamidi y croit

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Deux ans après s’être exilée en France, Marzieh Hamidi, championne de taekwondo afghane, née en Iran, touche du doigt son “rêve” de participer aux Jeux Olympiques de Paris.

Désormais installée à Vincennes, la sportive est pressentie pour figurer dans l’équipe des réfugiés, instaurée depuis 2016 par le Comité international olympique, dont elle a obtenu une bourse pour préparer les Jeux. “C’est très important pour moi d’aller aux JO, c’était déjà mon rêve quand j’étais dans l’équipe nationale afghane, mais aujourd’hui c’est aussi ma façon de combattre les talibans et de représenter les femmes afghanes“, raconte Marzieh Hamidi.

Paris 2024? Elle y “pense tout le temps“, explique l’ex-championne régionale de taekwondo, qui reçoit sur le tatami de l’Insep, temple du haut-niveau français niché dans le bois de Vincennes, où elle s’entraîne depuis un an avec l’équipe de France.

“Je n’accepterai jamais de représenter les talibans”

A quelques semaines de l’annonce des sélections, “la pression monte“, reconnaît-elle. Mais Marzieh Hamidi sait qu’elle ne portera pas les couleurs de l’Afghanistan. “Je n’accepterai jamais de représenter les talibans”, dont le régime “efface les femmes de la société”, balaye-t-elle.

La militante féministe, engagée publiquement et qui cultive une image ultra-moderne sur les réseaux sociaux, incarne un modèle de femme émancipée méprisé par les talibans. Ces derniers la menacent régulièrement en ligne, confie Marzieh Hamidi, sans nouvelles de son frère, emprisonné peu après son départ.

L’Afghane, catégorie -57kg, est consciente du retard accumulé. “Quand je suis arrivée, j’ai dû m’occuper de ma demande d’asile. J’ai repris l’entraînement très tard.”

Même de retour au plus haut niveau, comme aux Championnats du monde début juin en Azerbaïdjan, son statut précaire la rattrape, quand Bakou lui refuse temporairement l’entrée en raison d’un imbroglio sur son visa. Dans ces moments difficiles, c’est son coach Hans Zohin qui la “récupère en pleurs”, raconte l’entraineur du collectif olympique français. “C’est plus compliqué pour elle, parce qu’il y a la barrière de la langue et qu’elle n’a pas les mêmes problèmes que les autres athlètes. Mais elle a le niveau pour les Jeux”, estime-t-il. “Elle n’est peut-être pas la meilleure, mais son vécu lui donne un supplément d’âme. Elle est la première arrivée à l’entraînement, la dernière à partir. On lui dit de faire 100 coups de pied, elle en fait 150… Elle se donne à fond et ça va lui permettre de compenser“, positive-t-il.

“La reconstruction par le sport”

Marzieh Hamidi puise sa motivation dans le “signe” du destin de ces Jeux à domicile : “Paris c’est ma maison désormais. La France m’a tout donné. Ça met encore plus de stress mais ce serait génial”.

Qu’importe la performance, une simple participation serait déjà synonyme de bond vers la “reconstruction par le sport”, s’est félicité Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des JO, lors d’un événement organisé pour présenter ces athlètes. Lorsqu’elle n’est pas à l’entraînement ou en compétition, Marzieh Hamidi y assiste officiellement pour le CIO. “Elle a un emploi du temps de ministre”, souligne Catherine Lagarde. “Entre les stages, les compétitions, les représentations, sa vie sur les réseaux, bon courage pour l’avoir une heure”, résume-t-elle.

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