Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis, marque le départ d’une tournée nationale consacrée à la défense de l’accès aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans le Wisconsin, un État qui sera extrêmement disputé lors du scrutin présidentiel de l’automne.
Un assaut contre Donald Trump
Avec l’appui de Joe Biden, le duo lance un assaut contre Donald Trump sur le droit à l’avortement, un sujet qui pourrait s’avérer décisif lors des élections de novembre aux États-Unis.
“Comment ose-t-il ?” martèle la vice-présidente, qui appelle à être “lucide” sur le responsable du recul du droit à l’avortement aux États-Unis, à savoir, selon elle, Donald Trump, ancien président et actuel favori de la primaire républicaine.
Devenue très conservatrice à la suite des nominations effectuées par Donald Trump, la Cour suprême, estime que le droit à l’IVG n’était pas garanti par la Constitution, et que les États américains étaient compétents en la matière.
L’arrêt Roe v. Wade, retiré en juin 2022
Durant ce mois de janvier, l’Amérique marquait le 51ème anniversaire du célèbre arrêt Roe v. Wade, qui avait consacré en 1973 un droit constitutionnel à l’IVG, sur tout le territoire.
Ce droit a volé en éclats en juin 2022. La droite religieuse américaine s’était fortement mobilisée contre ce droit depuis qu’il a vu le jour.
À l’heure actuelle, une vingtaine d’États ont interdit l’avortement ou imposé de sévères restrictions. Dans certains cas, les professionnels de santé sont menacés de lourdes peines.
“J’ai rencontré une femme qui est allée aux urgences pour une fausse couche et qui a été renvoyée parce que les médecins avaient peur d’aller en prison s’ils la soignaient. Elle n’a reçu des soins qu’après avoir déclaré une septicémie”, raconte Kamala Harris, toujours aux côtés de Joe Biden pour les élections de novembre.
Donald Trump, “fier” de ce revirement de jurisprudence
Donald Trump, le grand favori de la primaire républicaine, s’est récemment dit “fier” d’avoir contribué au revirement de jurisprudence. Une réaction commentée par la vice-présidente, indignée : “Fier que les jeunes femmes d’aujourd’hui aient moins de droits que leurs mères et leurs grand-mères ? Comment ose-t-il ?” ; applaudie par le public qui avait hué la référence au magnat républicain.
S’en prenant aux républicains, elle assure que “ces extrémistes veulent nous ramener en arrière. Nous ne l’acceptons pas !” Le président démocrate a pour sa part réuni à la Maison Blanche un groupe de travail consacré à la défense du droit à l’avortement, qui reste une ligne de fracture politique très importante aux États-Unis. Il a lui aussi fustigé les décisions prises dans les États conservateurs.
“Ces lois extrémistes n’ont pas leur place aux États-Unis”
“Je ne crois pas qu’il existe des lois pour dire à un homme quoi faire de son corps”, déclare à l’AFP Corinda Rainey-Moore, venue écouter la vice-présidente. “Je veux que ma fille, et peut-être sa fille un jour, aient les mêmes droits que ceux que j’avais moi-même”, a dit pour sa part Irene Parthum, une retraitée également présente.
“Ces lois extrémistes n’ont pas leur place aux États-Unis”, a assuré Joe Biden, en critiquant en particulier le procureur général de l’Alabama (sud), pour sa volonté de poursuivre toute personne qui aiderait une membre de sa famille à avorter ailleurs.
“Voilà ce qui arrive quand le droit à la vie privée est attaqué”, a dit le président américain.
La grande majorité des Américains soutiennent, selon les sondages, le droit à l’IVG. Le choc provoqué par la nouvelle jurisprudence de la Cour suprême avait permis à Joe Biden de limiter la casse lors des élections législatives de mi-mandat de l’automne 2022, et le président américain veut croire qu’il profitera du même élan en novembre.
Kamala Harris teste sa force de frappe
L’offensive sur la défense de l’IVG sera aussi un test de la force de frappe électorale de Kamala Harris, première femme et première Afro-américaine à son poste, qui laboure le terrain depuis quelques semaines.
Dénigrée par l’opposition républicaine à la moindre occasion, la démocrate de 59 ans a récemment reçu un rare compliment, probablement involontaire, d’une chroniqueuse de Fox News. “Ce que Kamala fait (en termes de campagne sur le droit à l’IVG) a un puissant impact sur les jeunes femmes” a commenté une ancienne porte-parole de Donald Trump, Kayleigh McEnany, sur la chaîne fétiche des conservateurs.