Cannes : actrices et féministes fustigent l’accueil de Johnny Depp

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“La honte”: un collectif d’actrices et d’acteurs, parmi lesquels Julie Gayet et Laure Calamy, critique le Festival de Cannes, qui déroule “le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent”, en référence à Johnny Depp et à la réalisatrice Maïwenn.

“Nous subissons bien trop souvent des agressions sexuelles, du harcèlement moral et du racisme au sein même de nos lieux de travail. Lorsque nous avons le courage de parler ou demander de l’aide nous nous entendons trop souvent dire : «Tais-toi s’il te plaît, pour la vie du film.» Il arrive même que des producteur·ices soient prêt·es à acheter notre silence”, dénonce le collectif.

Dans la tribune publiée par Libération, les signataires apportent également leur soutien à l’actrice Adèle Haenel, qui avait officiellement annoncé son arrêt du cinéma pour dénoncer la “complaisance” du 7e art envers les agresseurs sexuels. “Nous sommes profondément indigné·e·s et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes”, explique le collectif. Soutenant la décision d’Adèle Haenel, les signataires profitent “de cette tribune pour dire avec elle: +LA HONTE+”.

“En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création”, ajoute le texte.

Les 123 signataires soulignent que “le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit”, un “système basé sur les principes de domination et de silenciation“.

Le retour de Johnny Depp ne passe pas

La 76e édition du festival de cinéma est marquée médiatiquement par le retour en grande pompe de Johnny Depp dans le film d’ouverture “Jeanne du Barry”, signé par la réalisatrice Maiwenn, elle aussi accusée de violences. Il avait été écarté des plateaux d’Hollywood à la suite des accusations de violences conjugales de son ex-compagne Amber Heard.

Pour sa part, l’organisation Osez le Féminisme! appelle mardi à “boycotter” le festival, accusant le cinéma de “célébrer les agresseurs” et de “participer à la banalisation des violences masculines”, en mettant en vedette l’acteur pour la cérémonie d’ouverture officielle. Six ans après #MeToo, “le cinéma français ne cesse de montrer sa solidarité et sa complaisance envers les hommes accusés de violences, dont la carrière et la réputation restent préservées”, dénonce Osez le Féminisme! dans un communiqué.

“Cette valorisation sociale, médiatique et professionnelle des agresseurs banalise les violences m asculines, dans un mépris total des femmes et des enfants qui en sont victimes“, juge l’association.

Le cinéma accusé de protéger les agresseurs

“La menace des +vies+ et +carrières brisées+ des hommes accusés de violences, ressortie complaisamment par les médias à chaque prise de parole courageuse de victimes, ne résiste pas à l’épreuve des faits”, regrette Osez le Féminisme!, évoquant le contrat de 20 millions de dollars signé entre Johnny Depp et Dior.

Alors que 13 femmes ont dénoncé des agressions sexuelles et viols commis par Gérard Depardieu sur différents tournages, et qu’il est mis en examen pour viol depuis 2020, il “enchaîne les films“, dont “Umami”, poursuit l’association.

De son côté, la CGT a critiqué le choix du Festival de sélectionner le film de Catherine Corsini, “Le retour”, après des accusations de harcèlement et d’irrégularités concernant une scène explicitement sexuelle mais simulée, mal déclarée, impliquant une actrice de moins de 16 ans. Faire ce choix montre que “les violences morales, sexistes et sexuelles ne sont pas un sujet pour le Festival de Cannes. Celles ou ceux qui les dénoncent n’ont pas voix au chapitre de la sacro-sainte création”, insiste un communiqué.

La CGT a apporté son soutien aux techniciens et comédiens qui ont “osé faire part à la production des conditions de tournage” et de “comportements inacceptables de (la) réalisatrice”, saluant leur “courage malgré les intimidations”.

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