Le Festival de Cannes ouvre ses portes et suscite la controverse en offrant sa réhabilitation à l’acteur Johnny Depp, qui a été très critiqué suite à des procès médiatisés contre son ex-épouse Amber Heard pour des accusations de violences conjugales.
Malgré les controverses, Depp fait son grand retour sur le tapis rouge dans le rôle principal du film d’ouverture, “Jeanne du Barry”, réalisé par Maïwenn, qui joue également le rôle principal de favorite du roi. Cette réintégration de Depp sur la scène de Cannes est perçue comme un symbole par celui qui s’était présenté comme une victime de la “cancel culture” et de l’intransigeance de l’industrie cinématographique post-#MeToo envers les auteurs de violences, présumés ou avérés.
Le retour d’une star déchue
La montée des marches est donc attendue comme le grand retour de Johnny Depp, star déchue, écartée des plateaux d’Hollywood et qui revient par la grande porte.
Le délégué général du festival, Thierry Frémaux, a souligné qu’il s’intéressait à Depp “comme acteur” et qu’il n’y avait aucune interdiction de lui offrir des rôles. Frémaux a également salué la performance “extraordinaire” de Depp dans le film. Il a affirmé n’avoir pas suivi de près l’affaire judiciaire pourtant très médiatisée opposant Depp à Amber Heard, dans laquelle des accusations réciproques de violences conjugales et de diffamation ont été lancées. Depp a finalement remporté un procès pour diffamation aux États-Unis, alors qu’Heard a été la cible d’attaques misogynes. Après cette saga judiciaire, Heard a disparu de la scène publique, ayant “perdu foi dans le système judiciaire américain”.
Interrogée sur son choix d’embaucher Johnny Depp, la réalisatrice Maïwenn a expliqué avoir tourné “l’été dernier, (alors qu’il) sortait de son deuxième procès. J’avais plein d’inquiétudes, je me disais: qu’est-ce que son image va devenir?”. Plus largement, la réalisatrice a assuré qu’elle “veut prendre un acteur qui me fait rêver et qui incarne la royauté sans qu’on le dirige”. Maïwenn, qui décrit l’acteur comme “un écorché écorché vif” a elle-même des déboires avec la justice, après avoir récemment agressé le patron de Mediapart Edwy Plenel dans un restaurant.
Dernièrement, c’est l’acteur Pierre Niney qui a suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux après avoir fièrement annoncé sa collaboration future avec Johnny Depp sur un biopic de Modigliani. L’acteur incarnera le peintre Maurice Utrillo aux cotés d’Al Paccino.
One dream at a time 💫 pic.twitter.com/hdAv3VecvF
— Pierre Niney (@pierreniney) May 10, 2023
Beaucoup d’internautes ont souligné “la honte” de jouer dans le film d’un homme accusé de violences conjugales après avoir pris tant de fois la parole pour défendre les femmes et le mouvement #metoo.
Cérémonie d’ouverture, Mastroianni et CGT
Au-delà des controverses, la projection de “Jeanne du Barry” marque le coup d’envoi officiel de la 76e édition du plus grand festival de cinéma au monde, dont la cérémonie d’ouverture sera animée par l’actrice Chiara Mastroianni.
Une autre actualité risque de s’inviter cette année : la CGT a promis de “faire son cinéma” et qu’elle profiterait de la visibilité médiatique du festival pour exprimer son rejet de la réforme des retraites.
Après les festivités, la compétition pour la Palme d’Or débutera avec la projection de “Monster” de Hirokazu Kore-Eda, qui vise à remporter sa deuxième Palme après “Une affaire de famille” en 2018. Le jury, présidé par Ruben Östlund, qui a remporté l’an dernier sa deuxième Palme avec “Sans Filtre”, se sera auparavant retrouvé pour donner sa première conférence de presse.
Autour du réalisateur suédois, un jury rajeuni avec plusieurs trentenaires comme l’acteur américain Paul Dano (“The Fabelmans”), Brie Larson (Captain Marvel) ou la réalisatrice française Julia Ducournau (Palme d’or 2021 pour “Titane”). Au total, 21 films sont en compétition dont sept de réalisatrices, un record.
