Nina Métayer est la première femme meilleure pâtissière du monde, élue cette année. Au Women’s Forum à Paris, la cheffe a partagé au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices, son parcours mais aussi les stéréotypes de ce métier et les barrières qu’elle a su franchir.
Comment avez-vous eu envie de faire ce métier?
J’ai commencé à vouloir devenir boulangère quand j’avais 16 ans. J’ai fait quelques études. J’ai eu mon baccalauréat. Après mes études, j’ai dit ouvertement que je voulais être boulangère. Les autres m’ont demandé pourquoi , car selon eux ce n’était pas un vrai travail et que c’était pour ceux qui ne peuvent pas faire autre chose. J’ai commencé à travailler au marché très jeune, je devais avoir quatorze ans. Quand j’ai voulu postuler comme boulangère, tout le monde m’a dit non.
J’ai frappé à la porte de 20 boulangeries avant qu’une me dise oui. Et elle se situait très loin de mon appartement. Mais j’ai appris la boulangerie avec ce chef. Après je suis retournée à Paris et je n’ai pas trouvé de travail. J’ai commencé la pâtisserie, je n’étais pas vraiment passionnée au début, mais j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont appris et transmis la passion.
🥖 "Je ne veux pas d’une croissance trop rapide car je ne veux pas de machines. Je veux des artisans, des personnes passionnées” explique @NinaMetayer , Meilleure pâtissière du monde, lors du @Womens_Forum de Paris.
🥐 "Après 20 refus, j'ai appris le métier dans une boulangerie… pic.twitter.com/gsoXYFq33w
— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) December 14, 2023
En tant que femme, avez-vous fait face à des préjugés sexistes dans votre métier ?
Je disais ouvertement que je voulais être maman, que j’allais me marier l’année suivante… On me demandait alors pourquoi je devrais avoir ce poste de cheffe, on me faisait comprendre que c’était improbable. Ensuite, j’ai commencé à travailler avec des grands noms comme Camille Lesecq de l’hôtel Le Meurice. Il y avait aussi Amandine Chaignot, qui m’a beaucoup poussée dans mon savoir.
J’ai beaucoup entendu que les femmes sont trop émotionnelles et sensibles pour gérer une équipe comme le fait un homme. Au contraire, je considère ma sensibilité comme une force. C’est important de savoir prendre soin des autres, de faire attention à ces personnes qui donnent de leur temps pour notre équipe. Pour démontrer qu’une femme peut gérer une équipe, j’ai voulu créer mon propre buisness.
Quand avez-vous commencé à être cheffe d’entreprise ?
J’ai démarré mon entreprise après avoir quitté le Café Pouchkine, en 2019. J’ai eu la chance d’être très bien épaulée par mon mari qui m’a soutenu dans mon travail et dans les périodes de stress et de fatigue. Ensemble, on a créé Délicatisserie.com, une boutique en ligne où les clients peuvent commander nos desserts, les récupérer en “click and collect” dans un point relais et les manger quelque part. Aujourd’hui, nous avons embauché une quarantaine personnes.
Maintenant, nous avons différents endroits, nous sommes à Paris, dans différents lieux et différents pays. Nous voyageons avec nos pâtisseries, car nous ne faisons pas seulement des pâtisseries, mais aussi beaucoup de créations. Je ne veux pas grandir trop rapidement, je ne veux pas de machines, je veux des artisans, des personnes passionnées. J’adore les gens, je veux qu’ils sentent que leur travail est reconnu. Donc, j’ouvrirai différentes petites structures peut-être en France, peut-être dans le monde entier, je ne sais pas, mais pas trop rapidement.
The Women’s Voices est partenaire media du Women’s Forum.
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