Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices interroge Elisabeth Richard, présidente du réseau des femmes Women In Networking chez ENGIE, pour parler de l’égalité femmes-hommes dans les entreprises mais aussi de la question des violences faites aux femmes.
Catherine MacGregor est la seule femme à diriger une entreprise du CAC 40, était-ce important pour le conseil d’administration de nommer une femme ?
Il était important d’avoir le ou la meilleure candidate. Le conseil d’administration et son président n’ont pas souhaité choisir par son genre, mais il se trouve que la meilleure candidate était Catherine MacGregor, et nous sommes ravis qu’elle soit à la tête d’ENGIE. C’est une formidable ingénieure centralienne, qui a une expérience internationale fabuleuse.
Elle se sent seule en tant qu’unique patronne du CAC 40. Nous comptons donc sur nos collègues d’autres groupes pour prendre Catherine MacGregor comme « role model » et en inspirer d’autres. Il nous faut plus de femmes à la tête de ces entreprises.
Comment gère-t-on les carrières des femmes dans un groupe aussi vaste ?
C’est compliqué ! Évidemment, gérer la carrière des femmes c’est gérer cela de manière « haute couture ». Les problématiques sont toutes différentes : entre les jeunes femmes et ce qu’elles souhaitent faire, l’accompagnement face à la maternité, le fait d’être moins « bankable » lorsqu’on est une femme senior… (ce qui n’est pas le cas pour les hommes.)
Quand vous accompagnez la carrière des femmes, vous ne le faites pas forcément de la même manière que pour celle des hommes. Cela ne veut pas dire « moins bien » ou « mieux », mais vraiment différemment.
Pourquoi une grande entreprise travaille sur les questions de violences ?
Nous avons 170 000 collaborateurs dans le monde. Je suis engagée depuis plus de 15 ans sur ces sujets et évidemment, lorsque vous travaillez sur le sujet des femmes, vous travaillez sur tous les sujets : l’égalité salariale, le leadership, la gestion du congé maternité, la parentalité, et surtout les violences faites aux femmes.
Pendant le confinement et les réunions en “zoom” ,j’ai entendu des portes claquer, des caméras s’éteindre de manière très brutale. C’est à ce moment-là que j’ai pu enfin adresser ce sujet à la direction générale. Catherine MacGregor n’était pas encore dans le groupe, mais je suis allée voir Jean-Pierre Clamadieu et l’ai informé de ce qu’il se passait : il m’a dit qu’on ne pouvait pas continuer comme ça.
C’est là qu’on a ouvert la voie, nous, groupe industriel, avec le gouvernement français, les équipes d’Elisabeth Moreno, les associations qui se battent afin d’accompagner les femmes, pour vraiment combattre cette violence. Nous avons décidé de dire qu’il ne faut pas que cela soit une fatalité à la maison.
Quelle initiative avez-vous lancé ?
Nous avons créé une coalition : État français, associations, groupes industriels. Avec Michel-Édouard Leclerc, dont les centres ont mené beaucoup d’actions, avec l’Olympique de Marseille, le groupe Casino… Il y a plein de choses qui se font. L’idée est de montrer à toutes ces entreprises, que le sujet de la violence faite aux femmes peut aussi être combattu en entreprise.
J’avais également participé au Grenelle des violences en tant qu’entreprise, et nous avions réussi dans le comité de travail, avec Muriel Pénicaud, à faire en sorte que toute épargne salariale d’une femme violentée puisse être débloquée. Jusque-là ce n’était possible qu’après une naissance, un déménagement, un mariage. Il est très important que l’indépendance économique soit là pour les accompagner également.
#5000VOICES est une initiative rendue possible grâce à nos partenaires Engie, Accor, La Fondation RAJA, Aurel Bgc, Veolia et Mastercard.
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