Elle est à l’origine de la mort de Mahsa Amini, qui a elle-même déclenché une véritable révolution en Iran. Mais qu’est ce que la police des mœurs, qui traque sans relâche les Iraniennes entre répression et violence?
Pour un voile mal porté, un piercing ou une tenue jugée “indécente”, la police des mœurs a l’autorisation d’arrêter, de sermonner, et même de punir physiquement, qui elle veut. C’est ce qui est arrivé à Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée en pleine rue devant sa famille puis battue à mort le 16 septembre. Elle ne portait pas son voile correctement. Son meurtre a provoqué une vague de manifestations violemment réprimées pendant lesquelles des femmes ont brûlé leur voile et appelé à la “mort du dictateur”, le grand ayatollah, Ali Khamenei.
“Répandre la culture de la décence et du hijab”
En Iran, le voile a été rendu obligatoire quatre ans après la révolution islamique de 1979. La police des mœurs, ou “patrouilles d’orientation”, a pour but de “répandre la culture de la décence et du hijab”. Créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, elle compte dans ses rangs des hommes en uniforme vert, mais aussi des femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps.
Cette unité a pour usage de prendre quelques femmes pour donner l’exemple et de les violenter pour “intimider et faire peur” aux autres. Les femmes punies par la police des moeurs sont susceptibles d’être envoyées dans des centres de rééducation, battues, fouettées, violées…
Un rôle qui s’est durci rapidement
Lors de ses premières patrouilles en 2006, les membres de cette police ne délivraient que des avertissements. Dès l’année suivante, ils prenaient la liberté de fouetter et d’arrêter des femmes selon leur bon vouloir. Effectivement, c’est à eux de décider du “bon” ou du “mauvais” port du voile.
En juillet dernier, le Président de la République islamique, ultraconservateur, Ebrahim Raïssi, a une nouvelle fois appelé à “renforcer la loi sur le voile”.
Lors des récentes manifestations, de nombreuses iraniennes ont retiré leur voile, et chanté “Femme, vie, liberté” et défiant les forces de l’ordre. Certaines au péril de leur propre vie. Au moins 185 personnes, dont 19 enfants et des dizaines de femmes, ont été tuées dans les manifestations contre le régime.