VIDEO – “Ça fait mal quand même”: des politiciens soumis à un simulateur de règles douloureuses

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VIDEO – Le député écologiste Sébastien Peytavie a soumis plusieurs de ses collègues à un simulateur de règles douloureuses. Sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut y entendre des cris et voir les politiciens se tordre de douleur. L’objectif est de démontrer l’utilité de la prochaine proposition de loi qui vise à reconnaître et protéger la santé menstruelle et gynécologique dans le monde du travail.

Plus d’un million de visionnage

Déjà vue plus d’un million de fois, les vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des cobayes d’un jour qui constatent à quel point il est difficile de travailler et de se concentrer avec la douleur des règles. Cette expérience à de quoi donner du crédit à la création d’un congé menstruel pour les femmes qui souffrent de dysménorrhées.

Les députés étaient consentants pour ressentir la douleur. Ensuite, ils se sont soumis au défi de lire comme si de rien n’était l’exposé des motifs de la proposition de loi. Ils n’ont pas réussi. Même si certains ont plus ou moins camouflé leur gêne, beaucoup d’éclats de rire ponctuaient l’expérience. Et finalement, le constat est sans équivoque. 

“Travailler avec ça, là pour le coup, c’est difficile”

“Ça fait mal quand même”, constate Léo Walter (LFI), “c’est douloureux”, confirme Clément Beaune (Renaissance), “c’est vraiment douloureux”, assure Hadrien Clouet (LFI). “C’est évidemment extrêmement difficile de se concentrer à certains moments. Mais en tout cas c’est très chiant”, confirme Erwan Balanant (MoDem). “Travailler avec ça, là pour le coup, c’est difficile”, abonde Stéphane Vojetta (Renaissance).

“C’est impossible de se figurer ce que c’est que la douleur. Et par ailleurs, en le testant, je ne pensais pas que c’était à ce point”, dit Louis Boyard (LFI) à l’issue de l’expérience, répondant indirectement aux femmes qui trouveront dommage d’avoir à passer par cette étape pour être crues ou entendues. “C’est bien cette expérience parce que ça nous permet de mieux se mettre à votre place”, reconnaît Maxime Minot (LR), “c’est horrible en fait, t’as l’impression d’avoir des petits coups de poignard”.

Thomas Rudigoz (RE) a aussi joué le jeu. “On nous a mis en garde contre d’éventuelles douleurs, il y avait de l’appréhension, mais c’est une expérience originale. Tant que cela ne vous concerne pas, vous êtes distant”. Il a l’habitude des débats à l’Assemblée nationale. Il en a vu passer des textes de loi. Mais, là, il en est certain, grâce à cette expérience, il le votera.“Quand on fait une loi, on fait des auditions, on est sensibilisé”.

L’endométriose touche 1 femme sur 10

Cette expérience a été vécue comme un témoignage direct, notamment des femmes qui souffrent d’endométriose, une maladie qui touche une femme sur dix. Et une femme sur deux reconnaît souffrir de règles douloureuses. En plus des douleurs abdominales, certaines femmes souffrent de céphalées et se plaignent de vomissements. La douleur ressemble à celle ressentie lors d’une crise cardiaque.

Pourtant, le monde du travail n’accorde que peu d’intérêt à ces pathologies. Des professionnels de santé disent toujours que “c’est dans la tête que ça se passe”. Mais la science avance. À Lyon, trois hôpitaux de jour sur trois sites différents (HFME, Croix Rousse et Lyon sud) sont consacrés à la prise en charge personnalisée et complète de l’endométriose.

Un arrêt de travail jusqu’à 13 jours ouvrés par an

La proposition de loi EELV (Europe Ecologie Les Verts), défendue par Sébastien Peytavie et Marie-Charlotte Garin, propose aux personnes atteintes de menstruations incapacitantes de bénéficier d’un arrêt de travail jusqu’à 13 jours ouvrés par an, sans carence, pris en charge par l’assurance maladie. La proposition de loi sera débattue le 4 avril à l’Assemblée nationale. Les personnes salariées et agentes publiques pourraient aussi avoir la possibilité de recourir au télétravail en cas de menstruations incapacitantes.

Une tentative déjà faite en février 

En février dernier, cette proposition avait déjà suscité de vifs débats et plusieurs tentatives de compromis en séance publique. Le texte a été rejeté par 206 voix contre 117 à la chambre haute, dominée par la droite et ses alliés centristes.

“Nous avons perdu l’occasion non pas d’être en avance, mais d’accompagner
l’évolution de la société. C’est regrettable pour le Sénat et pour les femmes qui devront
encore attendre”, regrettait la sénatrice Laurence Rossignol.

L’expérience, adoptée à la métropole de Lyon

Les sénateurs socialistes proposaient un arrêt maladie spécifique pour les cas de
dysménorrhée (douleurs menstruelles), dont l’endométriose: l’arrêt serait d’une durée
de deux jours par mois au maximum, sans délai de carence, avec un certificat médical
valable pour un an.

Des entreprises ou des collectivités ont déjà mené l’expérience comme la métropole de Lyon. Depuis octobre 2023, elle accorde à ses agents un congé menstruel. 107 personnes en ont bénéficié, sur un effectif de plus de 9 000 salariés.

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