Le Prix Sakharov décerné à : Mahsa Amini et au soulèvement “Femme, vie, liberté”

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Le prix Sakharov pour la liberté de pensée est décerné par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement “Femme Vie Liberté”, en Iran.

Sa mort a entraîné des mois de manifestations, réprimées dans le sang et des nombreuses arrestations, mais le soulèvement “Femme, Vie, Liberté” s’est poursuivi sous différentes formes et apparaît comme l’un des plus grands défis lancés aux autorités iraniennes depuis la révolution de 1979.

“Le meurtre brutal de Jina Mahsa Amini”, le 16 septembre 2022, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, “a marqué un tournant”, a déclaré la présidente du Parlement, Roberta Metsola. “Cela a déclenché un mouvement mené par des femmes qui est entré dans l’histoire. Le slogan +Femme Vie Liberté+ est devenu un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l’égalité, la dignité et la liberté en Iran”.

Un an de résistance des iraniennes

Depuis le décès tragique de Mahsa Amini, devenue le symbole de la lutte contre le port du voile en Iran, les événements ont marqué une année tumultueuse, mettant en lumière la résistance croissante des femmes iraniennes contre les restrictions vestimentaires imposées par le régime.

Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée le 16 septembre 2022, après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir violé le code vestimentaire établi depuis la Révolution islamique de 1979.

Son décès a déclenché des manifestations à Saghez, sa ville natale, qui se sont rapidement étendues à une quinzaine de villes. Des images d’Iraniennes brûlant leur foulard ont circulé massivement sur les réseaux sociaux, entraînant le blocage d’Instagram et WhatsApp par les autorités.

En réponse, des sanctions économiques ont été imposées par les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Union européenne contre la police des mœurs et des responsables de la sécurité.

Le guide suprême Ali Khamenei a accusé les États-Unis, Israël et leurs “agents” d’avoir orchestré les manifestations. Les protestations ont persisté, impliquant des étudiants, des avocats, des commerçants, et d’autres secteurs de la société, malgré une répression violente.

Une lueur d’apaisement a émergé en février 2023 avec une amnistie sans précédent, libérant de nombreux détenus, mais la tension persiste avec l’introduction de caméras “intelligentes” pour identifier les femmes non voilées, entraînant la fermeture de plusieurs établissements.

En mai, le gouvernement a proposé un projet de loi renforçant les sanctions financières contre ceux retirant leur voile dans les lieux publics ou sur internet. Les patrouilles de police pour sanctionner les femmes non voilées ont été rétablies mi-juillet, accompagnées d’arrestations, y compris celle d’un célèbre chanteur pop.

La résistance contre le port obligatoire du voile en Iran continue, avec des manifestations, des arrestations et des développements législatifs qui témoignent d’une lutte persistante pour les droits des femmes.

Un prix dédié à la défense des droits humains et à la liberté

Le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, en hommage au scientifique et dissident soviétique Andreï Sakharov, a été instauré par le Parlement européen en 1988. Il récompense ceux qui dédient leur vie à la défense des droits humains et des libertés fondamentales. Les candidats sont nommés par les membres du Parlement européen, évalués par des commissions spécialisées, et le lauréat reçoit une récompense de 50 000 euros. En 2021, c’est l’avocat et militant russe Alexeï Navalny a été honoré.

Les critère d’attribution mettent en avant des domaines tels que la défense des droits humains, la protection des minorités, le respect du droit international public, le développement de la démocratie et l’établissement de l’état de droit.

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