Port du voile : en Iran, la police durcit le contrôle des femmes non-voilées

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Regrettant qu’il soit de moins en moins respecté, la police iranienne annonce avoir renforcé ses contrôles sur le port obligatoire du voile par les femmes dans la rue.

Port du voile obligatoire depuis 1979

“La police à Téhéran, comme dans d’autres provinces, interviendra contre les individus qui promeuvent (…) le non-port du voile”, prévient le général Abasali Mohammadian, chef de la police de la capitale, à la télévision. Depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes ont l’obligation de cacher leurs cheveux dans les lieux publics.

Mais les femmes apparaissent de plus en plus sans voile, notamment depuis le mouvement de contestation qui avait été déclenché en septembre 2022 par la mort de Mahsa Amini en détention, arrêtée pour infraction au strict code vestimentaire en vigueur dans le pays.

Une traque sans merci contre les non-voilées

Suite à cet événement, en avril 2023, la police iranienne commence déjà à utiliser des caméras “intelligentes” pour traquer les femmes non voilées dans les espaces publics. Si la passagère d’une voiture enfreint le code vestimentaire, le propriétaire du véhicule risque une saisie. Plus de 150 magasins, restaurants et salles de réception sont fermés en 24 heures.

En mai, le gouvernement propose un projet de loi qui vise à renforcer les sanctions, notamment financières, contre “toute personne retirant son voile dans les lieux publics ou sur internet”, sans préconiser l’emprisonnement. Cette proposition de reclasser le retrait du hijab, actuellement un crime, en délit, suscite la controverse, notamment parmi les ultraconservateurs.

En juillet, la police rétablit les patrouilles pour sanctionner les femmes non voilées. Une journaliste ayant interviewé le père de Mahsa Amini et qui s’est montrée en public tête nue est emprisonnée à plusieurs reprises. Le chanteur de pop Mehdi Yarrahi, auteur d’une chanson exhortant les femmes à retirer leur foulard, est arrêté fin août. Le 5 septembre, l’oncle de Mahsa Amini est également détenu, mais sa localisation demeure inconnue, selon des sources kurdes.

Les femmes qui ne respectent pas le code strict, “poursuivies”

Aujourd’hui encore, les femmes “qui n’ont pas prêté attention aux précédents avertissements de la police feront l’objet d’une attention particulière et seront poursuivies”, a averti le général Mohammadian.

Ce durcissement intervient quelques jours après un discours du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamanei, qui avait rappelé que toutes les femmes devaient respecter le port du voile quelque soit leur croyance. “La question du hijab est désormais devenue un défi imposé à notre pays; c’est un problème qui n’existait pas auparavant”, regrette-t-il.

La police des moeurs, une unité non abolie 

Il met en cause “l’intervention des étrangers”, en particulier les Occidentaux, dans le soutien des femmes refusant de se voiler. La police des moeurs, à l’origine de l’arrestation de Mahsa Amini, avait disparu des rues depuis le début des manifestations de septembre 2022 mais cette unité n’a jamais été formellement abolie par les autorités.

De nombreux médias locaux rapportent que ces derniers mois, la police avait saisi des véhicules transportant des femmes sans voile et sanctionné leurs propriétaires. Les autorités ont également fermé des cafés et restaurants où le port du hijab n’était pas respecté par des employées ou des clientes.

Lire aussi : Un an après la mort de Mahsa Amini en Iran : la lutte contre l’obligation du voile

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