PMA: avoir un enfant seule, le projet de nombreuses femmes aujourd’hui

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Avoir un enfant seule grâce à la PMA (Procréation Médicalement Assistée), c’est ce que projettent des milliers de femmes en France. Souvent célibataires et proches de la quarantaine, mais aussi parfois plus jeunes, elles sont animées par la volonté de séparer la maternité du couple. “J’ai toute la vie pour trouver l’amour, mais pas pour devenir maman”, Solenn, 36 ans, célibataire, inscrite sur la liste d’attente pour bénéficier d’une aide médicale à la procréation (AMP ou PMA) avec don de spermatozoïdes.

Originaire de Brest, cette cadre fait “le deuil du projet d’avoir un enfant à deux”. Elle se réjouit à présent de se lancer seule dans une future maternité. “Sereine”, elle attend avec impatience le coup de fil qui lui annoncera que c’est son tour de bénéficier d’un don de gamètes. Comme elle, de nombreuses femmes se lancent en solo dans cette démarche. Une option rendue possible par la loi de bioéthique de 2021, qui a également ouvert la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Depuis la promulgation du texte, la demande de PMA a été multipliée par huit, entraînant un allongement des délais d’attente, selon l’Agence de la biomédecine, en pleine campagne de communication pour recruter de nouveaux donneurs de gamètes.

Les femmes seules représentent 40% des demandes de PMA

L’organisme a été surpris par la “proportion très forte” de femmes seules parmi les candidates à la PMA: elles représentaient 40% des 6.200 personnes en attente de la procédure, à fin mars 2023, contre 41% de femmes en couple homosexuel et 19% en couple hétérosexuel. À l’hôpital Tenon, à Paris, la proportion de femmes célibataires parmi les demandeuses est encore plus élevée. Elles ont été plus de 800 à se manifester en 2022, contre 299 femmes en couple avec une femme et 76 en couple avec un homme.

“Nous nous sommes vite rendu compte que ce n’était pas une évolution, mais une révolution”, commente Rachel Levy, cheffe du service de Biologie de la reproduction-Cecos de l’hôpital Tenon. L’établissement a d’ailleurs mis en place des groupes de parole dédiés aux femmes seules candidates à la maternité afin qu’elles puissent “s’informer” et “rencontrer des personnes vivant le même parcours” qu’elles. A noter, ces femmes seules sont plus âgées en moyenne (37,3 ans), que celles en couple hétérosexuel (34,5 ans).

Des femmes seules d’environ 38 ans en moyenne

A Lille, le centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos, communément appelé “banque du sperme”) constate aussi que les femmes seules qu’il reçoit sont en moyenne plus âgées que celles en couple. “En majorité, il s’agit de femmes qui auraient aimé dans l’idéal avoir un enfant au sein d’un couple, mais qui sont célibataires, avancent en âge et se rendent compte que l’horloge biologique tourne”, indique Bérengère Ducrocq, responsable de ce centre.

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Les plus de 38 ans y représentent 35% des candidates à la PMA en solo, les moins de 29 ans, 5%. Demandes qui interpellent “Nous discutons beaucoup entre professionnels des demandes qui nous interpellent, celles par exemple de femmes très jeunes, à peine sorties de l’adolescence”, parfois très mûres dans leur projet mais pas toujours, précise Bérengère Ducrocq. La loi autorise les femmes de 18 à 45 ans à bénéficier de la PMA.

Les femmes jeunes souvent refusées à la PMA en France

Femmes jeunes, vierges, asexuelles… Pour Margaux Gandelon, présidente de l’association Mam’ensolo, les profils des femmes seules sont “plus divers que ce à quoi les professionnels s’attendaient”. “Les femmes asexuelles, par exemple, sont souvent plus jeunes car elles ne se projettent pas dans le couple”, explique-t-elle.

Les femmes jeunes ne sont toutefois pas toujours bien reçues par les professionnels de santé, quelques centres refusent même de donner rendez-vous aux moins de 29 ans, alerte l’association qui a reçu des témoignages en ce sens. Pour avoir quand même un enfant, elles vont alors “passer par d’autres circuits, soit partir à l’étranger, soit se tourner vers l’insémination artisanale”, en demandant un don de spermatozoïdes à un particulier, “avec tous les risques sécuritaires, sanitaires et juridiques que cela comporte”, avertit Margaux Gandelon.

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