À seulement 23 ans, Nadia Melliti s’impose comme la révélation du Festival de Cannes en décrochant le prestigieux Prix d’interprétation féminine pour son tout premier rôle dans La petite dernière, réalisé par Hafsia Herzi. Ce film, adapté du roman autobiographique de Fatima Daas, raconte le parcours d’émancipation d’une jeune femme musulmane qui découvre son homosexualité. Pour Nadia Melliti, c’est une entrée fracassante dans le monde du cinéma : « Au départ, je n’y croyais pas trop, je pensais que c’était une blague. Mais finalement, j’ai adoré cette expérience et ça a été super ».
Loin des castings traditionnels, la jeune actrice a été repérée lors d’un casting sauvage, alors qu’elle n’avait jamais mis les pieds sur une scène ou un plateau de tournage. Étudiante en filière sportive, elle se souvient avec humour de sa rencontre improbable avec la directrice de casting : « Au départ, c’était assez drôle parce que je pensais que c’était une touriste. Du coup, je me suis demandé si mon anglais était à jour. Et finalement, elle m’a fait part des enjeux de ce qu’elle recherchait en termes de personnage et d’histoire. Très vite, j’ai accroché et j’ai voulu m’embarquer dans ce film. »
De la banlieue au tapis rouge : un parcours d’émancipation
Nadia Melliti, dont la silhouette androgyne illumine l’écran, incarne avec force Fatima, une jeune fille issue d’un milieu modeste et musulmane pratiquante, qui se cherche entre les attentes familiales et ses désirs profonds. « Quand j’ai lu le livre, j’ai tout de suite accroché avec l’histoire parce qu’elle m’a profondément touchée. Cette quête d’émancipation aussi. Je m’identifiais beaucoup à elle (…) en raison de son entourage et de son origine sociale », raconte-t-elle. Le personnage qu’elle campe dans La petite dernière contraste avec les modèles féminins traditionnels : vêtue de vêtements amples, casquette vissée sur la tête, Fatima préfère le foot aux tâches domestiques, s’émancipant ainsi des injonctions de genre.
Cette dimension sportive fait écho au propre vécu de Nadia Melliti, passionnée de football depuis l’enfance : « Quand j’étais jeune, j’ai voulu faire du foot (…), un sport dit masculin et surreprésenté chez les hommes ». Elle a même évolué en deuxième division et continue de pratiquer ce sport qu’elle considère comme un levier d’émancipation. « Ma mère est issue de l’immigration, je suis d’origine algérienne. J’ai également des soeurs. Et puis même à travers (les) études, puisque je suis passée du lycée à la faculté, donc cette émancipation intellectuelle, je l’ai vécue », confie-t-elle avec une lucidité désarmante.
Une actrice instinctive et engagée
Ce qui a convaincu Hafsia Herzi, réalisatrice du film, c’est le regard intense de Nadia Melliti : « Très vite, j’ai reçu la photo de Nadia, j’ai (eu) un coup de cœur (…) très vite, à son regard, c’était une évidence », a-t-elle déclaré. Et ce choix audacieux a porté ses fruits, puisque la prestation de la jeune actrice a été unanimement saluée par la critique et le jury cannois : « Elle s’est abandonnée complètement au personnage, c’est plus que mérité », a affirmé la réalisatrice après la remise du prix.
Portée par sa curiosité et son goût pour l’apprentissage, Nadia Melliti envisage désormais de poursuivre l’aventure cinématographique : « J’aimerais bien », répond-elle sobrement, tout en gardant les pieds sur terre. Elle conclut avec humilité : « J’aime bien le fait de prendre des distances vis-à-vis d’un personnage qu’on incarne et, en même temps, de le représenter le plus fidèlement possible ».
Nadia Melliti, un nom à retenir dans le paysage cinématographique français
En quelques semaines, cette jeune femme issue de l’immigration et passionnée de football a conquis le cœur du public et des professionnels du cinéma. Son histoire personnelle et son interprétation vibrante dans La petite dernière résonnent comme une ode à l’émancipation féminine et sociale. Avec sa présence magnétique et son naturel désarmant, Nadia Melliti ouvre la voie à une nouvelle génération d’actrices françaises, prêtes à bousculer les codes. Rendez-vous en salles le 1er octobre pour découvrir son premier grand rôle.