A l’occasion de la première journée de lutte nationale contre le sexisme, The Women’s Voices organisait Les Conversations, « Nos voix contre le sexisme . Un événement soutenu par Aurore Bergé, Ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes qui a dit, pour sa première prise de parole dans cette mission, “regretter” la présence même de ce ministère estimant que cela devrait être la norme.
Anne-Sophie Béraud (ACCOR), Anne-Laure Thomas, (L’Oréal France) ainsi que Frédérique Lavoine, (Aurel BGC), étaient présentes pour échanger autour du thème : “Comment déconstruire le sexisme en entreprise”; une interview réalisée par Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices.
Les défis persistants du sexisme
En France, de nombreux progrès sont notables, mais pour certaines entreprises internationales, il y a de véritables enjeux à faire passer ces messages contre le sexisme. Dans certains pays, le défi est de taille en matière de politiques d’égalité femmes-hommes, car elles sont inexistantes.
“Quand on est dans une entreprise à vocation internationale, on peut imposer des normes qui n’existent pas vraiment dans certains pays. En interne, l’objectif c’est de renforcer la beauté, la force, la puissance de l’entreprise. La difficulté, c’est de pouvoir imposer des standards dans des pays où les sujets d’égalité n’existent pas” explique Anne-Sophie Béraud.
De la même manière, certains secteurs dits plus « masculins » n’ont pas encore adopté une transition nette pour lutter contre le sexisme. Frédérique Lavoine, broker en finance de marché, explique que dans un milieu à 90 % d’hommes :”on a encore du mal à parler de ce problème de propos sexistes.”
Faire conscientiser le sexisme auprès des hommes
Malgré tout, une grande majorité des hommes ne comprennent pas les enjeux de la lutte contre le sexisme. Anne-Laure Thomas se demande “comment peut-on aussi embarquer les hommes dans ces sujets-là ?”.
Elle souligne que “c’est une naturel pour une femme” et que les hommes sont bien souvent mitigés. “Soit ils y croient, soit on leur dit “Et si c’était ta femme ? Et si c’était ta fille ? C’est là qu’ils se projettent et n’imaginent pas qu’on puisse attoucher leur fille dans un ascenseur par exemple” explique Anne-Laure Thomas.
“Ce qu’il faut, c’est le facteur déclenchant” pour faire réaliser à l’ensemble des hommes l’ampleur du phénomène. La directrice diversité et inclusion de l’Oréal France estime “qu’en entreprise c’est presque déjà trop tard” car le gros enjeu se joue au niveau de l’éducation. Malgré cela, “le travail doit être fait, en entreprise, partout” termine-t-elle.
En France, “ce sont 9 femmes sur 10 qui se disent avoir déjà été victimes de sexisme en 2023”. Anne-Laure Thomas relève que chez l’Oréal, toutes les personnes qui entrent dans l’entreprise sont sensibilisées avec du “e-learning” etc., pour prendre conscience que les blagues et comportements sexistes, ne doivent plus faire partie de la norme.
Lutte contre le sexisme : la mobilisation indispensable du top management
Parmi les étapes les plus importantes de la lutte contre le sexisme en entreprise, il est indispensable de faire appel à “l’engagement du top management”, selon Anne-Sophie Béraud. Frédérique Lavoine confirme, en effet, il faut que le “top management soit mobilisé ” pour que cela fonctionne.
Cela est possible grâce au management de l’entreprise qui va se répercuter un peu partout dans les différentes business units. L’enjeu est même d’infuser dans des sociétés peu enclines à lutter contre ce fléau ordinaire, avec des politiques ” exportée et externalisée par Accor, dans d’autres pays” explique Anne-Sophie Béraud. Un bilan se dresse : “il est intéressant de voir là où les les cultures sont différentes. En France, nous sommes quand même très avancés, en comparaison à d’autres pays.”
StOpE : un collectif d’entreprises engagé en faveur de l’égalité
“StOpE” est une initiative regroupant 270 entreprises, qui permettent une “coalition” contre le sexisme. L’objectif, “adresser collectivement ce sujet” au delà de ce qu’il se passe chez Accor. “Cette initiative a vu le jour il y a 5 ans” explique Anne-Sophie Béraud. StopE lutte face au sexisme en entreprise.
“Au départ, on était une vingtaine d’entreprises. Nous fêtons cette année les 5 ans de l’initiative avec plus de 270 signataires.” ajoute-t-elle. Cet acte d’engagement comprends 8 engagements et “avec l’exemplarité de tolérance zéro”, pour permettre à chaque entreprise partenaire, le respect de l’égalité femmes-hommes.
“Avec l’exemplarité de la tolérance zéro et du CEO, des formations, des messages et des mesures sont suivis pour que chaque entreprise fasse au minimum des consignes de cet acte d’engagement.” conclue-t-elle.
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