L’implémentation des journées de travail de 12 heures en Ehpad, bien que suscitant de réeles appréhensions, s’avère être une réponse pragmatique aux défis rencontrés dans le secteur des soins aux séniors en France. Cette transformation, nourrie par des retours positifs des soignants et des séniors eux-mêmes, témoigne des efforts et des innovations managériales pour améliorer les conditions de travail et la qualité des soins dans ces établissements.
Les réalités du secteur des soins aux séniors
Avec environ 15 millions de séniors en France, dont plus de 600 000 résidents en Ehpad, la pression sur le personnel soignant est considérable et ne cesse d’augmenter. Dans un contexte de scandale sanitaire lié à la gestion catastrophique de certains établissements et devant une démographie vieillissante, l’importance d’optimiser les ressources humaines pour assurer des soins adéquats est un défi important. La modification des emplois du temps des soignants s’avère être une piste pour un meilleur équilibre au quotidien. Cette restructuration du temps de travail, en concentrant des journées intenses semble être une volonté des personnels eux-mêmes pour retrouver un équilibre vie pro-vie perso.
L’expérience des soignantes et l’adaptation aux nouveaux horaires
Sophie Cloarec, une soignante de 55 ans, travaille sans relâche dans l’unité « Escale » de l’Ehpad des Capucins à Angers. Elle témoigne : « Cette unité est exigeante, tant sur le plan psychologique que physique. Au début, la perspective d’une journée de 12 heures m’effrayait. »
Avec 173 résidents, le service gérontologie a réorganisé le temps de travail pour concentrer les heures sur trois jours, permettant aux employées de travailler un week-end sur trois au lieu d’un sur deux.
Julie Perrois, 25 ans, partage son soulagement : « Avant, j’avais rarement deux jours de repos d’affilée. Maintenant, je peux vraiment couper. C’est le seul moyen de souffler. » Cependant, Barbara Audouin, 34 ans, souligne les défis liés aux trajets et à la conciliation vie professionnelle-vie personnelle.
La pénurie de soignants en France et le défi de susciter des vocations
Selon les données actuelles, la France fait face à une pénurie de soignants, en particulier dans les établissements tels que les Ehpad. Le passage aux journées de 12 heures s’inscrit dans une tentative de maximiser l’efficacité du personnel disponible.
Force Ouvrière (FO), le syndicat majoritaire, bien que réservé, n’a pas opposé de résistance au changement. Evie Lahouille, déléguée syndicale, reconnaît la pénibilité des journées de 12 heures mais souligne qu’il y avait une demande des salariés. Elle évoque également les défis financiers liés à l’inflation et plaide pour le recrutement comme solution.
Malgré les contraintes, le passage aux journées de 12 heures semble susciter l’intérêt de nouveaux candidats, selon Patrick Retailleau, cadre de santé. Une lueur d’espoir dans un contexte où le recrutement de personnel qualifié constitue toujours un défi persistant.
L’impact sur la qualité des soins
Côté résidents, le changement permet de voir « moins de visages différents » dans la journée, explique Jeanine Lubineau, 76 ans, ancienne aide-soignante. Claude Brier, 91 ans, souligne les bénéfices de conversations prolongées avec le personnel.
L’implémentation des journées de 12 heures en Ehpad se profile comme une réponse pragmatique face aux réalités démographiques et aux défis de personnel en France. En intégrant ces nouvelles données et expériences, le secteur des soins aux séniors continue de s’adapter pour garantir des soins de qualité, tout en maintenant un équilibre pour le bien-être des soignants. La recherche de solutions innovantes demeure essentielle.