États-Unis : le secrétaire à la Défense Pete Hegseth relaie une vidéo appelant à supprimer le droit de vote des femmes

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Le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth, est au centre d’une polémique majeure après avoir reposté sur X (ex-Twitter) un reportage de CNN montrant des pasteurs affirmant que les femmes ne devraient pas avoir le droit de voter.
Ce partage, effectué le 8 août 2025 depuis son compte officiel, est perçu par de nombreux observateurs comme un signal inquiétant sur l’influence croissante des idéologies religieuses ultraconservatrices au sommet de l’État américain (AP News, BFMTV).

Un ministre de la Défense qui relaie un message anti-19ᵉ amendement

Dans la vidéo diffusée par CNN, plusieurs pasteurs liés au mouvement religieux Communion of Reformed Evangelical Churches (CREC), cofondé par le pasteur Doug Wilson, prônent ouvertement la suppression du 19ᵉ amendement de la Constitution américaine, adopté en 1920 et garantissant le droit de vote aux femmes.

L’un de ces pasteurs affirme qu’il « voudrait voir le 19ᵉ amendement abrogé », tandis qu’un autre explique préférer un système de « vote par foyer » : selon lui, l’homme, considéré comme chef de famille, voterait au nom de tous après consultation de son épouse.

En relayant ce contenu, Pete Hegseth a ajouté la mention « All of Christ, for All of Life » (« Tout le Christ, pour toute la vie »), devise directement associée au CREC et à la vision religieuse défendue par Doug Wilson. Cette phrase, inscrite sur de nombreux supports du mouvement, résume un projet politique et social où les lois civiles seraient alignées sur une interprétation stricte de la Bible.

La publication a rapidement suscité un fort engagement : plus de 15 000 likes et 3 000 partages en quelques heures. Les réactions sont heureusement polarisées : une partie des internautes soutient la vision exprimée, tandis qu’une autre exprime une profonde inquiétude quant à l’érosion potentielle des droits civiques.

Liens assumés avec le courant chrétien nationaliste

Le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, a confirmé que Pete Hegseth est « un membre fier d’une église affiliée à la CREC » et qu’il « apprécie beaucoup de nombreux écrits et enseignements de M. Wilson ».
Doug Wilson, figure centrale du christianisme nationaliste américain, a déjà exprimé publiquement son souhait de voir les États-Unis — et le monde — devenir « entièrement chrétiens », selon CNN.

Le reportage montre également une femme expliquant qu’elle « se soumet » à son mari, illustrant la conception patriarcale prônée par ce courant. Pour Doug Wilson et ses partisans, la hiérarchie homme-femme au sein du foyer est un modèle à défendre et à appliquer dans l’organisation politique.

L’organisation Vote Common Good, un groupe évangélique progressiste, a vivement réagi. Son fondateur, Doug Pagitt, a estimé que ces positions ne représentent « qu’une petite frange de chrétiens » mais qu’il est « très inquiétant qu’elles soient promues par un haut responsable de l’État ».

Cette polémique survient dans un climat politique américain marqué par une succession de remises en cause de droits acquis : depuis l’arrêt Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization en 2022, qui a permis à de nombreux États de restreindre ou d’interdire l’avortement, plusieurs figures de l’extrême droite religieuse s’attaquent désormais à d’autres piliers de l’égalité entre les sexes.

Une controverse aux implications nationales et internationales

Pour les défenseurs des droits civiques, le geste de Pete Hegseth dépasse le cadre d’un simple partage sur les réseaux sociaux. En relayant, sans distance critique, un message hostile à un amendement fondamental de la Constitution, le chef du département de la Défense donne une visibilité inédite à un discours qui pourrait inspirer des propositions législatives restrictives.

Sur la scène internationale, cet épisode alimente les craintes d’un recul démocratique dans la première puissance mondiale. Plusieurs médias étrangers, dont The Guardian, soulignent que l’affaire pourrait fragiliser l’image des États-Unis en tant que défenseur des droits humains et de l’égalité.

À ce stade, Pete Hegseth n’a pas retiré la vidéo ni publié de déclaration pour clarifier sa position. La Maison Blanche n’a pas réagi publiquement, laissant planer un silence interprété par ses détracteurs comme une forme de caution implicite.

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