À partir de septembre 2025, tous les élèves français suivront un programme renforcé d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Soutenu par le gouvernement, ce dispositif vise à prévenir les violences sexuelles. Malgré une forte contestation de certains groupes conservateurs, le Conseil d’État valide la réforme. L’école devient ainsi un acteur central dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Une réforme ambitieuse au cœur de l’École
Le programme Evars (Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité) entre en vigueur dès septembre 2025 dans tous les établissements scolaires, publics comme privés sous contrat. Il impose au minimum trois séances spécifiques par an, dans les écoles, collèges et lycées. Cette réforme, portée par le ministère de l’Éducation nationale et soutenue par la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, vise à mieux former les élèves. Elle ambitionne de les sensibiliser dès le plus jeune âge aux notions de consentement, d’égalité et de respect. Jusqu’ici, l’éducation à la sexualité est bien prévue par la loi depuis 2001, mais elle reste très peu appliquée dans les faits. Ses défenseurs la jugent pourtant essentielle pour prévenir les violences sexistes et sexuelles.
Aurore Bergé prévient : « ce programme va provoquer une vague de révélations. En intervenant plus tôt dans la vie des enfants, il favorise la prise de conscience et l’expression des souffrances subies ». La ministre affirme qu’il faudra « changer d’échelle » pour pouvoir accueillir cette parole et y répondre de manière judiciaire.Elle explique que plus les enfants sont formés à comprendre les violences sexuelles, plus ils peuvent les nommer et les dénoncer. Cette perspective inquiète certains acteurs institutionnels, qui doivent se préparer à une augmentation des signalements. Selon elle, cette libération de la parole est nécessaire. Elle marque une étape importante dans la lutte contre les violences sexuelles, souvent tues pendant des années. L’école devient ainsi un levier crucial pour la prévention et la protection des enfants.
Des oppositions tenaces mais un programme validé
Le nouveau programme s’adapte à l’âge des élèves. En maternelle et en primaire, il met l’accent sur la vie affective et relationnelle. Au collège et au lycée, il aborde de manière plus large la sexualité, le consentement et l’identité de genre. Le ministère insiste sur le caractère neutre, scientifique et juridique des contenus. Malgré une vive contestation, le Conseil d’État valide le programme Evars. Saisies par plusieurs associations conservatrices et près de 300 parents d’élèves, les juridictions rejettent leur recours. Ces opposants dénoncent une atteinte au rôle éducatif des parents et au principe de neutralité de l’école. Le Conseil rappelle pourtant que l’éducation à la sexualité est bien encadrée par la loi. Il souligne qu’elle vient compléter, et non remplacer, le rôle des familles. Il insiste aussi sur le respect de la neutralité et sur l’adaptation des contenus à l’âge des élèves. Le Conseil d’État estime que les séances ne visent pas à orienter les comportements, mais à informer de manière neutre, selon les connaissances scientifiques et juridiques actuelles.
Les critiques du programme viennent principalement de la droite conservatrice et de groupes religieux. L’association Juristes pour l’Enfance, notamment, se dit « très déçue » de la décision de justice. Sa porte-parole accuse le Conseil d’État de ne pas avoir pris en compte leurs arguments en profondeur. Ces oppositions ne sont pas nouvelles. Déjà en mars, un recours en référé avait été rejeté. Le programme Evars, publié en février après plusieurs mois de concertation, reste donc maintenu. Il marque une volonté claire du gouvernement de généraliser l’éducation à la vie affective et sexuelle dans le cadre scolaire. Malgré les résistances, les autorités maintiennent le cap. Le programme Evars s’annonce comme un tournant majeur pour l’École. Il pourrait bien transformer en profondeur la manière dont la société aborde la sexualité, l’égalité et la protection des enfants.