Décès d’Armita Garawand : une nouvelle victime de la police des moeurs

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Armita Garawand, une lycéenne iranienne de 17 ans, dont le triste sort a captivé et ému l’Iran, est décédée après un incident controversé dans le métro de Téhéran. “Armita Garawand, une élève résidant à Téhéran, est décédée après un traitement médical intensif et 28 jours d’hospitalisation dans l’unité de soins spéciaux”, a déclaré l’agence Borna, affiliée au ministère de la Jeunesse et des Sports. Sa mort soulève une nouvelle fois de nombreuses questions sur la police des moeurs en Iran et suscite une attention nationale intense.

Des circonstances mystérieuses

Originaire d’une région kurde, Armita a été hospitalisée à l’hôpital Fajr de Téhéran depuis le 1er octobre après avoir été retrouvée inconsciente dans le métro de la capitale. Une semaine avant son décès, elle avait été déclarée en “état de mort cérébrale”. Les détails de son “malaise” restent flous. Une vidéo des services de surveillance du métro, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montre la jeune lycéenne, sans voile, être évacuée après s’être évanouie dans un wagon.

Cet incident tragique survient un an après le décès de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, qui avait prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes en Iran, conduisant à un vaste mouvement de contestation. Selon des sources proches de la famille, le corps d’Armita serait toujours à l’hôpital militaire de Fajr, entouré d’une présence importante des forces de sécurité.

Version officielle contre rumeurs

Sous le titre “Versions contradictoires”, les déclarations officielles divergent fortement des témoignages non officiels. Les autorités ont affirmé qu’Armita avait été victime d’une “chute de tension” et ont nié toute “altercation verbale ou physique” entre elle “et des passagers ou des cadres du métro”. L’agence Tasnim, citant l'”avis officiel des médecins”, rapporte que la jeune fille avait “subi une chute entraînant une lésion cérébrale, suivie de convulsions continues, d’une diminution de l’oxygénation cérébrale et d’un œdème cérébral, après une chute soudaine de la tension artérielle”.

Cependant, certaines ONG avancent que la jeune lycéenne aurait été gravement blessée lors d’une “agression” par des membres de la police des mœurs. Face à ces affirmations contradictoires, le quotidien réformateur Ham Mihan a pressé les autorités de “permettre aux médias indépendants d’enquêter” sur cet événement, insistant sur la nécessité de “convaincre l’opinion publique”.

Les répercussions politiques

La mort d’Armita ne passe pas inaperçue dans les couloirs du pouvoir. Le député Ahmad Alirezabeigui a récemment exprimé que le Parlement “devait intervenir” et “questionner le ministre de l’Intérieur” sur l’incident, soulignant l’importance de cette affaire. L’organisation Iran Human Rights, basée en Norvège, a déclaré : “Depuis le premier jour, les autorités ont tenté de cacher la vérité en transférant Armita dans un hôpital militaire, en arrêtant les journalistes qui couvraient l’histoire, en exerçant une pression intense sur sa famille”.

La tension atteint son paroxysme lorsque le guide suprême iranien est directement mis en cause. Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur d’IHR, affirme : “Ali Khamenei est personnellement responsable de la mort d’Armita Garawand jusqu’à ce qu’une enquête internationale indépendante prouve le contraire”.

Face à ces accusations, le ministre de l’Intérieur Ahmad Vahidi a tenté de rassurer le public en déclarant que les autorités avaient “enquêté sur l’incident” et que “la situation était tout à fait claire”. Mais, il a également exprimé sa préoccupation en affirmant : “Les ennemis ne veulent pas que le pays soit calme et ils tentent toujours de faire de chaque incident une controverse”. Seul le temps révélera toute la vérité derrière le tragique décès d’Armita Garawand.

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