Suisse : l’écriture inclusive bientôt soumise au vote ?

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La rédaction

La Suisse a depuis les années 1990 pris le sujet de l’écriture inclusive au sérieux. L’administration préconise l’utilisation de mots neutres, et encourage l’utilisation du féminin et du masculin. Cette écriture non sexiste est attendue dans les trois principales langues nationales (allemand, français et italien).

Pourtant récemment, l’utilisation des graphies telles que “les employé.e.s” ou “les agriculteur.rice.s”, cristallisent des tensions qui pourraient amener les citoyens à devoir se prononcer sur cette question.

Soulignant la grande illisibilité de l’écriture inclusive, les détracteurs, notamment des élus de droite, militent pour sa suppression. “Ces formes avec des points ou des points médians sont très visibles, très controversées. Sinon, les gens sont beaucoup plus ouverts par rapport à des doublets et d’autres formes, par exemple « les électrices et les électeurs, l’électorat, les personnes qui votent”, explique le linguiste Daniel Elmiger, professeur à l’Université de Genève.

Mi-juin, la Chancellerie fédérale Suisse a interdit l’usage en allemand de l’astérisque et d’autres signes typographiques qui incluent le masculin, le féminin mais aussi les personnes dites non binaires, arguant de problèmes linguistiques attachés. Ainsi, les écritures comme “Bürger*innen” ou “Bürger:innen”, genre neutre du mot « citoyens » sont désormais prohibées.

L’écriture inclusive, une lutte contre le patriarcat ?

A la tête de la section suisse de la Défense de la langue française (DFL), Aurèle Challet souhaite organiser fin octobre à Genève les premiers “Etats généraux de la langue française en Helvétie”, et veut réunir un nombre de signatures significatif pour être en mesure de soumettre la question au vote, comme l’autorise la démocratie directe suisse.

D’un côté certains voient dans l’écriture inclusive un outil pour accéder à plus d’égalité entre les femmes et les hommes. Pascal Gygax, psycholinguistique à l’université et auteur de l’ouvrage “Le cerveau pense-t-il au masculin?”, défend cette “re-féminisation” de l’écriture expliquant que : « avec le hashtag MeToo par exemple. On voit une société qui commence à se rendre compte de cette puissance patriarcale (…) où tout tourne autour des hommes, de la cour d’école à notre manière de nous habiller et de parler. »

De l’autre côté, d’autres ne comprennent pas en quoi « cette écriture pourrait aider la cause des femmes » affirme un journaliste. Au Parlement, le député Benjamin Roduit, du Parti démocrate-chrétien (centre), a présenté une motion demandant que l’administration fédérale conserve strictement les règles de la langue française “sans y déroger en faveur d’une écriture dite +inclusive+ ou langage épicène”.

Pour rappel en France, l’Education nationale a récemment interdit l’utilisation de l’écriture inclusive à l’école.

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