36% de femmes au sénat: la parité progresse lentement

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Les élections du 24 septembre voient la moitié des sièges de la Haute assemblée remis en jeu. A cette occasion, la chambre haute s’est légèrement féminisée. Il y a quatre sénatrices de plus, soit 36% de femmes. Le score est presque similaire à l’Assemblée avec environ 38% de femmes actuellement. Les femmes n’avaient jamais été aussi nombreuses à se porter candidates (46,67%) aux sénatoriales. Mais seules 26% d’entre elles figuraient en tête de leur liste dans les départements où les sénateurs sont élus au scrutin proportionnel.

Légère progression depuis 2020

Si on est encore loin de la parité, la place des femmes progresse au Sénat. A l’issue du dernier renouvellement de 2020, on comptait 118 femmes, ce qui représentait 34% des effectifs. Soit 16 sénatrices de plus que lors des sénatoriales de 2017 (102 femmes, soit alors 29% du total). Aujourd’hui, le Sénat atteint 36% de femmes. Soit quasiment le même niveau qu’à l’Assemblée nationale, qui a 37% de députées. Le niveau a un peu reculé entre 2017 et 2022.

Les sénatoriales comptent deux types de scrutin. Un uninominal dans les départements élisant un ou deux sénateurs sans parité obligatoire. Et l’autre, un scrutin de liste à la proportionnelle dans les départements élisant trois sénateurs et plus. Ces listes sont obligatoirement paritaires, c’est-à-dire avec une alternance homme/femme ou femme/homme. Et souvent, celui ou celle, qui occupe la première place a plus de chance d’être élu(e).

Le PS et les LR sont les partis avec le plus de femmes

Le Parti Socialiste souhaite être  « le premier parti féministe de France », avec plus de sénatrices en poste. Dans le groupe, on compte actuellement 23 sénatrices pour 41 sénateurs, soit 36 % de femmes. 33 des 64 sièges sont renouvelables. Pour l’heure, « nous avons investi 40 candidats dans 35 départements », a annoncé jeudi, lors d’une conférence de presse sur les sénatoriales, Pierre Jouvet, chargé des élections au Parti socialiste.

Dans le groupe LR, qui compte autant de femmes que le groupe PS, on ne revendique pas « la volonté de présenter une femme pour une femme », mais plutôt « le meilleur candidat. Et ça peut souvent tomber sur un homme », reconnaît la sénatrice Dominique Estrosi Sassone. Il y a 53 femmes pour 92 sénateurs, soit 36% de sénatrices, comme au groupe PS. Pour l’heure, 18 femmes et 24 hommes ont été élus. « On est quasi à l’équilibre », dit-t-on. Mais il faudra encore attendre la totalité des investitures.

EELV en recherche de progression

Chez Europe Ecologie Les Verts, on prône aussi la parité. Pourtant le petit groupe écologiste, composé de 12 membres, est plutôt masculin avec seulement trois femmes.     « Notre groupe n’est pas franchement paritaire. C’est lié à l’histoire. On a pour le coup un déficit important », reconnaît le président du groupe, Guillaume Gontard. « Sur les candidatures, évidemment, l’objectif c’est d’arriver à favoriser au maximum les femmes », explique-t-il, avant de résumer :

  On espère avoir un groupe écologiste plus important et plus paritaire, évidemment.

Guillaume Gontard, président du groupe écologiste du Sénat

« Ce sont souvent plus des hommes qui conduisent les listes »

Dans les départements à la proportionnelle, Dominique Estrosi Sassone reconnaît que « ce sont souvent plus des hommes qui conduisent les listes ». Mais il y a aussi l’exemple inverse : « En Seine-et-Marne, Anne Chain-Larché conduit la liste, à Paris, c’est une femme aussi, avec Catherine Dumas qui se représente, comme Laurence Garnier en Loire-Atlantique ».

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Laure Darcos, sénatrice LR de l’Essonne, occupait la seconde place derrière Jean-Raymond Hygonnet il y a 6 ans. Elle est alors élue à quelques voix près. Pour le scrutin de 2023, on lui propose à nouveau la seconde place. Mais la gauche ayant progressé, elle n’est pas sûre d’être élue. « Je n’ai rien contre Jean-Raymond, j’espère qu’on sera élus tous les deux, mais il n’y avait aucune raison que je me retrouve à cette place de numéro 2, comme on m’a invité à le faire. Je n’ai pas démérité, je suis à la tête de la fédération LR et je suis la dernière parlementaire LR du département », souligne Laure Darcos. Résultat. Ce qui parle aux élues, raconte Laure Darcos :

  Chez les élues femmes que je rencontre, c’est quelque chose qui les touche beaucoup. Au fond, elle trouve naturel que je reparte sous ma liste et numéro 1, et pas à la place du mort, en numéro 2.

Laure Darcos, sénatrice LR de l’Essonne

« Les femmes, il faut aller les chercher, les convaincre »

« Il y a aussi des femmes qui ne sont pas forcément intéressées, ou pas très partantes pour occuper des fonctions parlementaires. Passer d’un mandat local à parlementaire, ça fait encore réfléchir des femmes, sur la disponibilité, les journées passées à Paris. Souvent, il y a plus de candidats hommes. Les femmes, il faut aller les chercher, les convaincre », constate la vice-présidente du groupe LR.

Même si les choses évoluent, l’enjeu du partage des responsabilités familiales peut aussi jouer, avec la question « des enfants », pense la sénatrice des Alpes-Maritimes : « Quand vous êtes plus jeune, vous avez forcément des enfants en bas âge, ça demande une organisation. Il n’y a pas que ça, mais les enfants jouent certainement ».

Des femmes « capables de mener tout de front »

« Il y a encore cette vision du parlementaire masculin. Des femmes maires, dans les communes plus rurales, pensent que le naturel, c’est de voir des sénateurs homme », constate Laure Darcos. Mais elle sent que les mentalités évoluent, « avec les changements, dus d’ailleurs à la gauche, avec la parité dans les conseils départementaux, avec des binômes homme/femme depuis 2015 ».

Des sénateurs de plus en plus jeunes

En 2017 et 2020, elle a vu arriver une nouvelle génération de jeunes sénatrices dans son groupe, comme « Christine Lavarde », « Alexandra Borchio Fontimp », une proche d’Eric Ciotti, ou « Elsa Schalck »: des femmes « capables de mener tout de front », qui arrive à allier vie politique et vie de famille.

La moyenne d’âge des sénateurs n’a jamais été aussi jeune : avec 59 ans et 11 mois de moyenne après les élections sénatoriales de dimanche. La chambre haute est passée pour la première fois sous la barre des 60 ans. La benjamine de la Haute Assemblée, l’écologiste Mathilde Ollivier nouvellement élue, a 29 ans et trois mois, tandis que le doyen reste Jean-Marie Vanlerenberghe, à 84 ans et 5 mois.

Mathilde Ollivier, la plus jeune sénatrice, élue le dimanche 24 septembre.

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