Un récent rapport de la Cour des comptes met en lumière les défis persistants dans la mise en place de l’égalité femmes/hommes. Porté par la montée en puissance du mouvement #MeToo, le sujet est déclaré comme “grande cause du quinquennat” en 2017 par le Président de la République. Une cause qui est devenue primordiale suite à l’augmentation des violences conjugales durant la crise sanitaire. Aujourd’hui, les efforts sont là mais les progrès restent limités.
Une quête d’égalité mal définie
Pas de politique globale et coordonnée: c’est le premier constat de la Cour des comptes. Aucune feuille de route unique n’a permis d’avoir un suivi régulier au niveau interministériel. Le comité interministériel ne s’est d’ailleurs jamais réuni. En conséquence, la mise en œuvre des mesures décidées résulte du bon vouloir de chaque ministère.
Des mesures sont annoncées et des budgets sont alloués, comme les crédits du programme budgétaire Égalité entre les hommes et les femmes qui sont passés de 29,1 M€ en 2018 à 53,2 M€ en 2022. Mais le suivi et la mise en œuvre de ces mesures restent fragmentés, ce qui rend difficile l’évaluation de ces politiques publiques. Les mesures visées n’ont pas été assorties de moyens, ni de calendrier de réalisation, ni d’indicateurs de résultats.
Le fléau des violences conjugales
Le rapport souligne tout quand même des avancées dans la lutte contre les violences conjugales. Des mesures ont été prises pour protéger les victimes et prendre en charge les auteurs. Mais le rapport suggère que certaines mesures nécessitent un suivi plus rigoureux et une évaluation approfondie de leurs effets. D’autres mesures réclament un investissement dans la durée pour faire évoluer les mentalités, comme celles relatives à la prévention axée sur l’éducation. Elles ont été peu mises en œuvre, alors qu’elles sont indispensables pour assurer un vrai changement.
L’égalité professionnelle en progrès
Au niveau professionnel, la progression se fait. L’article 14 de la loi du 24 décembre 2021, dite loi « Rixain », a permis une représentation plus équilibrée entre les femmes et les hommes dans les entreprises d’au moins 1.000 salariés. Depuis 2019, 43.6% des femmes occupent les sièges des conseils d’administration dans les 120 plus grandes sociétés cotées en Bourse, contre à peine 25% en 2013.
Les employeurs sont dans le viseur pour instaurer l’égalité. Des initiatives ont été mises en place pour réduire les écarts de salaire et promouvoir la diversité dans les postes à responsabilité. Le secteur public a montré son engagement en élaborant des plans d’actions concrets et en faisant des démarches de labellisation. Pourtant les progrès sont encore lents, notamment en ce qui concerne les écarts de primes et de promotions.
Le progrès est moindre concernant la mixité des filières de formation ou des métiers, qui nécessitent des changements socio-culturels en matière de responsabilités parentales, d’orientations professionnelles et de valorisation de certaines compétences.
Un consultation citoyenne prometteuse
Face à ces défis, l’espoir réside dans la consultation citoyenne en cours, élargie aux chambres régionales et territoriales des comptes ainsi qu’aux jeunes de 15 à 18 ans. Plus de 100 propositions ont déjà émergé, et les citoyens sont invités à proposer, soutenir et commenter ces propositions jusqu’au 6 octobre 2023. Cette démarche participative offre une opportunité unique de faire émerger de nouvelles idées et de renforcer l’engagement citoyen dans la quête de l’égalité des sexes.
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