Shein, le géant chinois de la fast fashion est au cœur d’une nouvelle tempête, à deux jours de l’ouverture de son magasin au BHV Paris. Son site commercialise des poupées sexuelles à caractère enfantin. Nouveau scandale pour la marque.
Une affaire explosive pour Shein et le gouvernement français
Shein se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente. Le géant chinois du commerce en ligne est accusé d’avoir commercialisé des « poupées sexuelles d’apparence enfantine », un fait grave signalé à la justice par la Direction générale de la Répression des fraudes (DGCCRF). Selon un communiqué publié samedi, ces produits ont été repérés sur la plateforme française de Shein avant d’être « immédiatement retirés » par l’entreprise.
Mais le gouvernement ne compte pas en rester là. Sur BFMTV et RMC, le ministre de l’Économie Roland Lescure a déclaré : « Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français. »
Le ministre rappelle que la loi permet déjà à l’État de bloquer une plateforme en ligne dans certains cas graves : « pour des actes terroristes, pour le trafic de stupéfiants et pour des objets pédopornographiques. »
Cette affaire relance le débat sur la responsabilité des plateformes de vente en ligne face à la prolifération de contenus illégaux. D’autant que Shein, souvent accusé de pollution environnementale, de conditions de travail indignes et de pratiques commerciales opaques, tente depuis plusieurs mois de redorer son image en Europe.
Une convocation à l’Assemblée et des réactions politiques en cascade
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a lui aussi réagi vivement, dénonçant « la manière dont le marché intérieur est envahi par des produits contrefaits » et pointant la nécessité d’un meilleur contrôle européen. Il a annoncé que Shein serait convoqué sous « quinze jours » devant une mission d’information de l’Assemblée nationale. Cette instance parlementaire, chargée d’examiner les contrôles sur les produits importés, souhaite « obtenir des réponses précises sur la transparence des chaînes d’approvisionnement de Shein, ses procédures de contrôle interne et les mesures correctrices mises en œuvre ».
Du côté des autorités en charge de la protection de l’enfance, l’indignation est totale. Sur BFM, la haute-commissaire à l’Enfance Sarah El-Haïry a condamné fermement la commercialisation de ces poupées : « Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres. Ce sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s’entraînent, malheureusement, parfois avant de passer à des sévices sur des enfants. »
Arnaud Gallais, fondateur du collectif Mouv’Enfants, estime pour sa part que Shein « ment » en affirmant avoir retiré tous les produits. « Les poupées sont toujours en vente sur la plateforme, sur Shein en Grande-Bretagne, en Espagne, au Chili… et avec un VPN vous pouvez les faire livrer en France », alerte-t-il. Il rappelle d’ailleurs qu’« au domicile de Joël Le Scouarnec, le médecin qui a fait plus de 300 victimes, on a retrouvé une collection de poupées sexuelles à l’effigie d’enfants. »
Un partenariat BHV qui embarrasse Paris
Cette crise intervient alors que Shein s’apprête à ouvrir mercredi son premier magasin physique pérenne en France, au sein du prestigieux BHV Marais, propriété de la Société des Grands Magasins (SGM). Une immense affiche, affichant côte à côte le patron de Shein Donald Tang et Frédéric Merlin, PDG de la SGM, orne déjà la façade du grand magasin parisien.
Face au tollé, Frédéric Merlin a tenu à défendre ce partenariat, tout en prenant ses distances avec les pratiques controversées du site : « Le principe même de notre partenariat est clair : seuls les vêtements et articles conçus et produits directement par Shein pour le BHV seront vendus en magasin. Aucun produit issu de la marketplace internationale de Shein n’est concerné. » Il a toutefois jugé la vente de ces poupées « indécente et inacceptable ».
L’affaire, désormais transmise au parquet de Paris, pourrait avoir des répercussions durables sur la réputation du géant asiatique. Entre menaces d’interdiction, convocation parlementaire et indignation publique, Shein, symbole de l’ultra fast-fashion mondialisée, voit son image de marque à nouveau entachée.
