L’Assemblée nationale a voté la création d’un nouveau congé de naissance, une mesure phare du projet de budget de la Sécurité sociale 2026. Ce dispositif permettra à chaque parent de bénéficier de un à deux mois de congé supplémentaire pour accueillir un enfant, en plus des congés maternité et paternité existants. Adoptée par 288 voix contre 15, cette réforme intervient dans un contexte de baisse marquée de la natalité en France, et s’inscrit dans la stratégie annoncée par Emmanuel Macron en janvier 2024 pour un “réarmement démographique”.
Une entrée en vigueur anticipée et des modalités assouplies
Initialement, le texte prévoyait une mise en œuvre pour les enfants nés ou adoptés à partir de juillet 2027. Mais un amendement a avancé l’entrée en vigueur au 1er janvier 2026, permettant aux futurs parents d’en bénéficier plus tôt. Ce congé supplémentaire pourra être pris par les deux parents, simultanément ou en alternance, offrant davantage de flexibilité dans l’organisation familiale.
Selon Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, « il faut donner plus de liberté, plus de droits et plus de choix aux deux parents » pour répondre aux enjeux actuels de natalité et d’égalité dans le foyer. La ministre rappelle que la chute de la natalité résulte de “multiples facteurs”, dont les difficultés d’articulation entre vie professionnelle et vie familiale.
La durée du congé pourra être choisie : un ou deux mois, avec une possibilité de fractionnement en deux périodes d’un mois. Les députés ont également introduit l’obligation qu’“au moins un mois” ne soit pas pris simultanément par les deux parents, afin de favoriser un temps d’investissement individuel du second parent auprès de l’enfant et de permettre à la mère un temps de récupération ou de disponibilité personnelle.
Côté rémunération, l’indemnisation sera fixée par décret. Le gouvernement a déjà précisé les grandes lignes : 70 % du salaire net pour le premier mois, puis 60 % pour le second. Un point crucial, car ce niveau d’indemnisation conditionne fortement l’usage réel des congés parentaux en France, notamment du côté des pères.
Une mesure saluée mais jugée insuffisante par certaines élues
Si la création du congé de naissance constitue une avancée pour l’égalité et la parentalité, plusieurs députées estiment que la réforme manque d’ambition. Certaines regrettent que ce dispositif ne s’inscrive pas dans une réflexion globale sur la réforme du congé parental, aujourd’hui indemnisé environ 400 euros par mois et peu utilisé en raison de son faible niveau de compensation financière.
Des critiques portent aussi sur le mode de financement annoncé par le gouvernement : le passage de 14 à 18 ans de l’âge ouvrant droit à la majoration des allocations familiales, une mesure perçue comme un transfert de charges entre familles avec adolescents et familles avec jeunes enfants.
Malgré ces réserves, le congé de naissance marque une étape importante dans la modernisation des politiques familiales. Il vise à encourager un partage plus équilibré des responsabilités parentales, soutenir la natalité et offrir aux parents un meilleur cadre pour accueillir un enfant dès les premières semaines de sa vie.
