Une projection en plein air du film Barbie, prévue vendredi soir à Noisy-le-Sec. Elle est finalement annulée après des menaces contre les agents municipaux. L’incident, dénoncé par le maire comme une pression fondamentaliste, suscite de vives réactions jusqu’au gouvernement.
Une projection annulée sous pression
À Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, la diffusion du film Barbie sur écran géant est annulée vendredi soir. Cette séance devait avoir lieu dans le quartier du Londeau, à 21 heures, dans le cadre de “Ciné sous les étoiles”. Ce programme estival gratuit propose chaque année des films en plein air aux habitants de l’intercommunalité Est Ensemble. Le choix du film avait été validé avec les habitants, selon le maire Olivier Sarrabeyrouse. La situation dégénère alors que les agents municipaux installent le matériel. Des jeunes les menacent et promettent d’empêcher la projection. Ils affirment que le film fait la promotion de l’homosexualité et porte atteinte à l’intégrité de la femme. Face à la montée de la tension, la municipalité décide d’annuler l’événement pour préserver la sécurité des agents et des spectateurs.
Dans un communiqué publié sur le site de la ville et sur Facebook, Olivier Sarrabeyrouse condamne ces pressions. « Nos agent.e.s du service public ont de nouveau été menacé.e.s de violence. Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l’obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques » Il accuse un petit groupe d’habitants d’avoir agi sous l’influence d’un individu. Le maire affirme qu’il ne tolérera pas de “zones de non-droit culturelles” dans la commune. Il annonce également un déposer plainte contre les agresseurs. Selon le groupe de jeune à l’origine de ce boycott, le film « prône l’homosexualité et l’intégrité de la femme ». Pourtant, le film Barbie, réalisé par Greta Gerwig est un satire féministe dénonçant la mysoginie. De plus, il est classé “tout public” en France. Cette comédie féministe connaît d’ailleurs un immense succès international avec 1,4 milliard de dollars de recettes au box-office mondial.
Une affaire qui provoque des réactions politiques
La polémique dépasse rapidement les frontières locales. Mercredi, Rachida Dati, ministre de la Culture, réagit publiquement sur le réseau X. Elle dénonce “une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d’une activité culturelle”. Elle indique avoir pris depuis un an des mesures contre ces “nouvelles formes de délinquance” et confirme qu’une plainte est en cours. Pour la ministre, ce type d’incident menace directement la liberté culturelle. Elle insiste sur la nécessité de garantir l’accès aux œuvres pour tous, sans intimidation ni violence.
Aurélie Trouvé, députée Insoumise de la circonscription, s’exprime également sur X. Elle déplore que “les familles et les enfants qui ne partent pas en vacances” soient privés de ces moments de culture et de convivialité. Pour elle, la culture doit rester “un outil d’émancipation, d’unité et d’ouverture pour toutes et tous”. Dans son communiqué, le maire répète que la sécurité des agents municipaux et des spectateurs est prioritaire. Cependant, il assure que la municipalité ne renoncera pas à organiser ce type d’événements. Il appelle à défendre la culture comme un bien commun, accessible à tous, même face à des pressions locales. Cet incident illustre les tensions croissantes autour de certaines œuvres culturelles. Il pose la question de la capacité des collectivités à maintenir des manifestations ouvertes à tous dans un climat apaisé.