En 2025, les conflits armés et les crises politiques ont une nouvelle fois mis en lumière une réalité largement documentée mais encore insuffisamment prise en compte : les femmes sont en première ligne des violences liées à la guerre. Civiles, soignantes, combattantes, otages ou militantes, elles subissent de manière disproportionnée les conséquences humaines, sociales et psychologiques des conflits contemporains.
Cette rétrospective photographique de l’année illustre la diversité des situations dans lesquelles les femmes sont prises au piège de la violence armée, tout en rappelant leur rôle central dans la survie des sociétés, la résistance civile et la mémoire collective.
La paix mise en scène, la violence vécue
L’une des images marquantes de l’année montre une actrice libérant une colombe lors de la cérémonie d’allumage de la flamme olympique pour les Jeux d’hiver de Milano Cortina 2026, sur le site symbolique d’Olympie. Ce geste universel de paix contraste violemment avec les images de guerre qui ont rythmé l’année.
Les femmes sont fréquemment mobilisées comme symboles de paix, de réconciliation ou d’espoir, tout en étant exclues des processus de décision qui conduisent aux conflits. Cette instrumentalisation symbolique masque souvent la violence réelle subie par des millions de femmes dans les zones de guerre.

Femmes soignantes sur les lignes de front
En Ukraine, Natalia, 51 ans, mère de trois enfants, sert comme infirmière de combat dans une brigade mécanisée engagée face à l’invasion russe. Son portrait incarne une transformation profonde des conflits modernes : les femmes y occupent désormais des rôles essentiels, notamment dans les domaines médicaux, logistiques et humanitaires.
Pourtant, leur exposition au danger est multiple. Aux risques physiques s’ajoutent des violences spécifiques : agressions sexuelles, stress post-traumatique, absence de reconnaissance institutionnelle. Le travail de soin, indispensable à la survie des combattants et des civils, reste largement invisibilisé lorsqu’il est assuré par des femmes.

Femmes civiles et destructions massives
Dans la bande de Gaza, les images de femmes palestiniennes blessées, extraites des décombres après des frappes aériennes israéliennes, rappellent la brutalité des conflits en zones densément peuplées. Les femmes civiles paient un prix particulièrement élevé : blessures, déplacements forcés, pertes familiales, grossesses à risque sans accès aux soins.
Les conflits armés aggravent les inégalités existantes. Lorsque les infrastructures s’effondrent, ce sont souvent les femmes qui assument seules la survie des familles, dans des contextes d’extrême précarité et d’insécurité permanente.

Otages et violences genrées
L’image de l’otage israélienne Arbel Yehud escortée lors d’un échange de prisonniers rappelle que la prise d’otages n’est jamais neutre du point de vue du genre. Les femmes retenues en captivité sont exposées à des violences spécifiques, notamment sexuelles, psychologiques et symboliques.
Leur corps devient un enjeu stratégique, utilisé comme levier de négociation, outil de propagande ou message politique. Cette réalité souligne à quel point les violences faites aux femmes sont intégrées aux logiques de guerre contemporaines.

Violences de genre : un continuum, même hors des zones de guerre
La violence contre les femmes ne se limite pas aux théâtres d’opérations militaires. En Afrique du Sud, des militantes manifestent pour que les violences de genre et les féminicides soient reconnus comme une catastrophe nationale. Cette mobilisation illustre le continuum des violences subies par les femmes, en temps de guerre comme en temps de paix.
Les féminicides, les violences domestiques et les agressions sexuelles s’inscrivent dans des structures patriarcales qui se renforcent en période de crise. Les conflits exacerbent des systèmes déjà inégalitaires et violents.
Le corps des femmes comme champ de bataille
À travers ces images, un constat s’impose : le corps des femmes demeure un champ de bataille, au sens propre comme au sens symbolique. Violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, privation de soins, contrôle des déplacements, silenciation des voix féminines : ces pratiques sont documentées mais rarement sanctionnées.
Malgré les conventions internationales, l’impunité reste la norme. Les survivantes se heurtent à l’absence de justice, à la stigmatisation et à l’effacement médiatique de leurs récits.
Le rôle essentiel du photojournalisme
Le photojournalisme joue un rôle fondamental dans la documentation de ces violences. Les images constituent des preuves, des archives, mais aussi des outils de mobilisation.
Ces photographies ne montrent pas seulement la souffrance : elles révèlent aussi la résistance, la dignité et la capacité d’action des femmes confrontées à l’extrême.
À l’heure où les conflits se multiplient et se prolongent, ces images rappellent qu’aucune paix durable ne peut être construite sans les femmes. Elles ne sont pas uniquement des victimes, mais des actrices clés de la survie, de la justice et de la reconstruction.
