La 28e conférence climatique de l’ONU qui se tient du 30 novembre au 12 décembre aux Emirats arabes unis est annoncée comme la plus grande COP jamais réunie. Un enjeu d’autant plus important pour les femmes, davantage impactées par le changement climatique.
Les femmes représentent un pourcentage important des communautés pauvres qui dépendent particulièrement dans les ressources naturelles locales, les femmes assurent leurs moyens de subsistance. Dans les régions rurales, elles portent le fardeau des responsabilités familiales comme l’approvisionnement en eau et la collecte de combustibles pour la cuisson des aliments et le chauffage, ainsi que la sécurité alimentaire.
Au Proche-Orient, elles contribuent jusqu’à 50% à la main-d’œuvre agricole. Elles sont principalement assignées à des tâches à forte intensité de travail et nécessitant plus de temps qui sont exécutées manuellement ou avec de simples outils. En Amérique latine et aux Caraïbes, la population rurale a diminué depuis plusieurs décennies. Les femmes s’occupent principalement de l’agriculture de subsistance, en particulier de l’horticulture, de l’élevage de poulets et du petit élevage pour la consommation familiale.
Elles ne peuvent disposer pleinement et librement des biens et des services environnementaux; elles participent très peu à la prise de décision et sont exclues des projets de gestion de l’environnement. Elles sont donc moins aptes à faire face aux changements climatiques. Au fil du temps, les COP ont été un espoir pour les femmes mais peu ont été réellement marquantes.
Les premiers pas d’une volonté politique
En 1990, les experts climat de l’ONU, le Giec, publient leur premier rapport. Deux ans plus tard, le sommet de la Terre à Rio, avec 150 chefs d’Etat ou de gouvernement,débouche sur l’adoption de la Convention cadre des Nations-unies sur leschangements climatiques. Le but: restreindre l’émission dans l’atmosphère de gaz tenus pour responsables de l' »effet de serre » qui provoque un réchauffement de la planète. La première conférence des parties, « conference of the parties » en anglais (COP), a lieu à Berlin en 1995.
Un objectif de réduction à 5% des gaz à effet de serre
En 1997, la troisième COP se tient à Kyoto et permet le lancement du protocole du même nom. C’est le premier accord international sur le climat, avec des objectifs contraignants de réduction des gaz à effet de serre (5%) pour les pays industrialisés(sauf les Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié). Mais le protocole n’a pas permis de contenir l’explosion des émissions.
L’échec de Copenhague et le blocage des Etats-Unis
En décembre 2009, la COP de Copenhague s’achève sur un âpre conflit entre pays du nord et du sud. Les Etats-Unis, soutenus par d’autres Etats, refusent que l’accord soit contraignant. La conférence se termine sans le pacte mondial espéré. Le texte fixe comme objectif de limiter la hausse de la température de la planète à 2°C par rapport à la Révolution industrielle, mais reste évasif sur les moyens d’y parvenir.
L’indispensable objectif de ne pas dépasser une hausse de 1,5°C
En 2015 à Paris, les pays s’engagent à limiter l’augmentation de la température mondiale bien en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre leurs efforts pour la limiter à 1,5°C. Mais le premier bilan de l’accord, publié cette année, montre que les efforts fournis ne sont pas suffisants, l’ONU appelant à faire « beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts ».
Les larmes d’Alok Sharma
A l’issue de la COP26 à Glasgow, son président britannique, Alok Sharma, présente ses excuses au monde, en larmes, après avoir échoué à inscrire dans l’accord un objectif de sortie du charbon et du pétrole, l’Inde et la Chine ayant obtenu des changements de dernière minute. Avant d’entériner d’un coup de marteau l’adoption, Alok Sharma se dit, d’une voix émue et les larmes aux yeux, « profondément désolé » pour ce dénouement.
À quoi faut-il s’attendre à Dubaï?
La COP28 à Dubaï réunit un record de participants, plus de 70 000, selon la présidence émiratie. Le choix du patron de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc, Sultan Al Jaber, pour présider l’événement a été critiqué par les défenseurs de l’environnement, mais défendu par d’autres qui y voient l’occasion de parler concrètement de la transition énergétique dans la principale région productrice de pétrole.
La présidence émiratie prépare de multiples annonces d’engagements volontaires de pays et/ou d’entreprises, souvent à l’horizon 2030 : tripler la capacité des renouvelables dans le monde, doubler l’amélioration de l’efficacité énergétique, doubler la production d’hydrogène… Mais ces engagements n’auront pas la même valeur d’obligation que le texte officiel qui devra être adopté à la fin des deux semaines, et qui prendra la forme du « bilan mondial » de l’accord de Paris.
La bataille oppose ceux qui souhaitent se contenter du bilan, qui montre indéniablement que les efforts fournis à ce stade sont insuffisants, à ceux qui voudraient y insérer un appel à réduire les énergies fossiles. Enfin, l’argent fera comme toujours l’objet d’âpres discussions, que ce soit sur les financements promis par les pays riches pour l’adaptation au changement climatique ou sur les modalités de mise en place d’un fonds pour financer les « pertes et dommages » des pays les plus pauvres.
Un enjeu majeur pour les conditions de vie des femmes
Dans des conditions climatiques extrêmes, comme les périodes de sécheresse et les inondations, travaillent actuellement plus pour garantir leurs moyens de subsistance. Elles ont par conséquent moins de temps pour se consacrer à la formation et à l’éducation, au développement des compétences ou pour percevoir un revenu.
En Afrique, les taux d’analphabétisation des femmes étaient de 55% contre 41% pour les hommes. Leur manque d’accès aux ressources et aux processus de prise de décision conjugués à leur mobilité limitée les contraignent à vivre dans des lieux où elles sont touchées de manière disproportionnée par les changements climatiques, un enjeu directement lié à la COP28.
Lire aussi : Orange the World: la campagne mondiale d’ONU Femmes pour lutter contre les violences faites aux femmes