Scarlett Johansson illumine cette édition 2025 du Festival de Cannes avec une double présence remarquée : en compétition officielle dans The Phoenician Scheme de Wes Anderson, et comme réalisatrice pour son premier long-métrage Eleanor the Great, présenté dans la section Un Certain Regard. Actrice surdouée révélée très jeune, star des blockbusters Marvel mais aussi muse de cinéastes exigeants, elle est aussi une voix féministe tranchante qui n’a jamais hésité à affirmer ses positions. Retour sur les facettes majeures de l’actrice américaine.
Une étoile précoce devenue actrice la mieux payée du monde
Née à Manhattan, Scarlett Johansson a une double nationalité : américaine par sa mère juive ashkénaze et danoise par son père architecte. Elle partage son enfance avec son frère jumeau, Hunter, et s’initie très tôt aux arts de la scène, entre claquettes, théâtre et castings. Dès l’âge de dix ans, elle tourne dans L’Irrésistible North (1994), mais c’est L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998) de Robert Redford qui la révèle au grand public.
Les années 2000 confirment son talent : Ghost World (2001), Lost in Translation (2003) de Sofia Coppola et La Jeune fille à la perle (2003) font d’elle une actrice reconnue dans le monde entier. À moins de 40 ans, elle a tourné avec les plus grands : Woody Allen (Match Point, Scoop, Vicky Cristina Barcelona), Brian De Palma (Le Dahlia Noir), Christopher Nolan, Luc Besson (Lucy), les frères Coen, et Wes Anderson.
En 2010, elle rejoint l’univers Marvel pour incarner la Veuve noire dans huit films, dont Avengers: Infinity War (2018), l’un des dix plus grands succès commerciaux du cinéma. Grâce à Black Widow (2021), qu’elle coproduit, elle empoche près de 20 millions de dollars et devient l’actrice la mieux payée d’Hollywood. Pourtant, elle choisit de tourner la page des super-héros pour revenir à un cinéma plus personnel.
Une voix puissante, une parole libre, une féministe engagée
Scarlett Johansson, c’est aussi une voix unique. Dans Her (2013) de Spike Jonze, elle incarne Samantha, intelligence artificielle à la sensualité troublante. Invisible à l’écran, elle remporte néanmoins un prix au Festival de Rome pour sa performance vocale. Elle prête aussi sa voix à Kaa dans Le Livre de la jungle (2016) ou dans le film d’animation Tous en scène.
En mai 2024, elle accuse publiquement OpenAI d’avoir utilisé une voix proche de la sienne pour ChatGPT, suscitant un tollé. L’entreprise modifie aussitôt le timbre du chatbot.
Artiste complète, elle mène également une carrière musicale : elle collabore avec Bob Dylan, Justin Timberlake, puis sort deux albums, Anywhere I Lay My Head (2008) — où elle reprend Tom Waits avec la complicité vocale de David Bowie — et Break Up (2009), inspiré du duo Gainsbourg-Bardot.
Côté engagement, Scarlett Johansson a été l’une des premières à soutenir financièrement Time’s Up, organisation née de la vague #MeToo pour défendre les victimes de harcèlement. Elle répond avec piquant aux remarques sexistes sur ses tenues ou son apparence : « Je ne supporte pas qu’on m’appelle ScarJo. Ça sonne kitsch, paresseux et désinvolte ».
Mais son franc-parler divise. En 2018, elle choque en soutenant Woody Allen, alors accusé d’agression sexuelle : « J’aime Woody, je le crois et je serais prête à retravailler avec lui n’importe quand ». Plus récemment, elle provoque une vive controverse en acceptant le rôle d’un homme transgenre (auquel elle renoncera) avant de déclarer : « Je devrais pouvoir jouer n’importe qui, même un arbre ».
Toujours pressentie, souvent critiquée, Scarlett Johansson n’a pourtant jamais reçu d’Oscar malgré une double nomination en 2020 pour Marriage Story (meilleure actrice) et Jojo Rabbit (meilleur second rôle). Parmi ses grands rôles manqués : Fantine dans Les Misérables (remporté par Anne Hathaway), Lisbeth Salander dans Millenium, ou encore Marilyn Monroe dans My Week with Marilyn, qu’elle refuse elle-même.
À Cannes, entre passé glorieux et avenir prometteur, Scarlett Johansson incarne une figure incontournable du cinéma mondial : artiste plurielle, actrice de conviction et femme engagée, capable de séduire Hollywood comme les cercles indépendants. Qu’elle joue devant ou derrière la caméra, sa présence continue de fasciner et de faire débat — comme toute véritable star.