Pionnières : une exposition dédiée à la libération des femmes des années 20

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La rédaction

Au musée du Luxembourg, l’exposition « Pionnières : Artistes dans le Paris des années folles » redonne aux femmes de la première moitié du XXe siècle, trop souvent effacées de l’Histoire, leur rôle primordiale au sein des grands mouvements artistiques.  

Une soif de liberté

L’exposition nous amène à réinscrire les femmes dans l’Histoire de l’art en transformation du début du XXe siècle. Les nombreux bouleversements de cette période voient s’affirmer certaines grandes artistes femmes, qui sont de plus en plus nombreuses après la révolution russe et la Première Guerre mondiale.

Si les années 1920 sont surnommées les années folles, en raison de la forte croissance économique, des fêtes et de l’exubérance de la décennie, elle sont aussi synonymes des premiers questionnements sur ce qu’on nomme désormais comme « les rôles de genres » ou sur la diversité. Un siècle avant la popularisation du mouvement « queer », les artistes des années 20 ont donné forme à cette révolution de l’identité.

L’expérience de la Grande Guerre a aussi amorcé pour les artistes les premières remises en question du modèle patriarcal. Pendant les combats, les femmes ont su gérer le pays seules, s’occuper des usines et de leur famille, et elles revendiquent leur droit à liberté. Alors que le suffrage universel leur est refusé, et que les lois contre la contraception et l’avortement se renforcent, les femmes se tournent vers le monde académique et le monde artistique pour affirmer leurs libertés.

Se libérer des diktats

Les femmes veulent s’affranchir d’un certain genre assigné depuis des siècles. Dès 1920, Coco Chanel popularise la parisienne garçonne, aux cheveux courts, qui prend son indépendance.  Pour se réapproprier leur identité, certaines vont même jusqu’à changer de prénom (comme Aton Prinner née Anna Prinner, ou Marlow Moss née Marjorie Moss) ou même de nom (comme Claude Cahun qui est le pseudonyme de Lucy Schwob ou Marcel Moore qui est celui de Suzanne Malherbe). Représentant leurs corps tantôt au masculin, tantôt au féminin, elles se réapproprient leur corps par l’art, présentant les esquisses d’un « troisième genre » pour qui tout est possible.

Cahun Claude (dite), Schwob Lucy (1894-1954). Nantes, musée des Beaux-Arts. 993-7-1PH;INV9062.

Alors que la femme se réinvente en public, dans le cocon familial aussi la représentation évolue. Plus besoin de paraître ou de faux-semblant ; les femmes assument: une maternité fatigante mais aussi signe de pouvoir.

Maria Blanchard – Maternite

Retracer l’histoire des femmes artistes

L’exposition se veut le reflet des années 20, foisonnantes et colorées. Elle convoque l’histoire de ces femmes en 9 chapitres thématiques. En introduction, une partie consacée aux « femmes sur tous les fronts » met en lumière la place des femmes pendant la guerre. Puis on découvre, le contrôle d’institutions par des femmes dans « comment les avant-gardes se conjugent au féminin ». Une place est réservée à l’intime avec un focus sur la maternité, sur le corps ou sur la sexualité. Puis , « La garçonne » découvre les joies de l’indépendance et des activités qui lui étaient inaccessibles jusque là. Enfin « les deux amies » mettent en avant les relations entre les femmes, créant une frontière très fine entre amitié et bisexualité.

Amrita Sher-Gil – Selfportrait as Tahitian

Pour conclure, l’exposition rappelle que ces artistes ont été voyageuses et le chapitre « pionnières de la diversité » met en avant ces femmes voyageuses et étrangères trop souvent mises à l’écart.

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