Marie-Claude Pietragalla dénonce les violences conjugales avec son ballet « Giselle(s) »

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Avec son ballet “Giselle(s)”, la chorégraphe Marie-Claude Pietragalla vient “interroger la condition féminine” au XXIe siècle. L’univers de son ballet transcende les violences faites aux femmes en énergie tribale, puissance et “sororité”.

“C’est une suite” du ballet et non une “relecture”

Dansée à la Seine Musicale (Ouest parisien) jusqu’à dimanche et en tournée en France jusqu’à mai 2025, l’ancienne danseuse étoile (1990 à 1998) de l’Opéra de Paris s’affranchit des codes et de l’histoire de ce ballet de 1841, l’un des plus emblématiques du répertoire classique romantique.

“C’est une suite” du ballet, et non une “relecture”, explique Marie-Claude Pietragalla auprès de l’AFP. Elle a imaginé la chorégraphie et la mise en scène avec Julien Derouault, danseur avec qui elle a fondé sa compagnie en 2004.”Mon personnage est la Giselle du XIXe siècle qui vient hanter le monde contemporain et se questionne sur la condition féminine”, ajoute-t-elle.

« Une armée de femmes »

Quatre couples se font et se défont lors du premier acte. Ils sont dans des relations d’emprise, de violences physique ou psychologique qui se terminent par un féminicide, sous les yeux de cette Giselle réinventée par Pietragalla.

Plus surréaliste, dans le deuxième acte, cette dernière devient reine d'”une armée de femmes”, sortes d’amazones aux couronnes fleuries, qui viennent hanter, moquer et se venger.

Treize danseuses au buste presque dénudé, pieds et jambes nues, lèvent leurs poings dans des gestes saccadés et poussent des cris sous un néon en forme de croix. Les quatre danseurs, dont Julien Derouault, tournoient eux dans des mouvements de hip hop et danse contemporaine.

« La sororité existe aussi dans la danse »

“C’était intéressant de travailler sur l’énergie commune de femmes qui ont vécu des choses différentes. La sororité existe aussi dans la danse, dans le mouvement”, explique la chorégraphe de 61 ans, qui illustre à nouveau avec cette pièce son “théâtre du corps”, mêlant mouvement, geste, mot, travail de la voix et du souffle.

Les deux chorégraphes ont également introduit, dans la partition originale d’Adolphe Adam, de la musique électronique et des tambours du Bronx. “J’ai beaucoup dansé Giselle, sous différentes versions, la romantique bien sûr, mais aussi la version de Mats Ek (chorégraphe de danse contemporaine, NDLR)”, confie l’ancienne étoile.

“En sortant de scène, j’ai toujours trouvé que cette histoire – celle d’une paysanne trahie et qui meurt par amour – était d’une grande violence et d’une grande injustice”. Et de se féliciter: “dans notre société moderne, la parole se libère, tant mieux”.

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