Festival de Cannes : “le Retour” de Catherine Corsini fait polémique

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Après les controverses entourant la cérémonie d’ouverture et le retour de Johnny Depp, la compétition pour la Palme d’or débute à Cannes. Le film de Catherine Corsini et “Le Retour”, les conditions de tournage ont suscité une polémique. Que s’est-il passé ?

Le jury présidé par le réalisateur suédois Ruben Östlund entre en scène avec en seconde projection un film qui a été ajouté in extrimis dans la compétition.

Catherine Corsini, l’une des sept réalisatrices en compétition cette année, présente “Le Retour”. Le film raconte l’histoire d’une femme travaillant pour une famille parisienne qui se voit proposer de s’occuper des enfants pendant des vacances en Corse.

Une sélection qui fait polémique

La réalisatrice, qui avait remporté la Queer Palm il y a deux ans pour “La Fracture”, y donne le premier rôle à Aïssatou Diallo Sagna, une aide-soignante qu’elle avait fait découvrir dans ce précédent.

Cependant, la sélection tardive de “Le Retour” a été accompagnée d’une polémique qui risque de faire de l’ombre au film lui-même. Tourné en Corse, le film a perdu ses financements publics après la découverte d’une scène explicitement sexuelle, simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans qui n’avait pas été déclarée aux autorités correctement. La cinéaste qualifie cela de simple “manquement administratif”, mais le Centre national du cinéma a tout de même choisi de retirer son soutien, une décision extrêmement rare.

Connue pour ses engagements féministes, Catherine Corsini a dénoncé dans une interview au Monde “un fond de misogynie” derrière les reproches qui leur sont faits, et sont nés d’une lettre anonyme. Elle avait auparavant publié un texte de soutien de la jeune actrice Esther Gohourou, qui avait 15 ans et demi lors du tournage, affirmant vouloir “mettre fin à cette histoire“. “Des mails anonymes et diffamatoires ont été envoyés à toute la profession et à la presse, contribuant à créer une rumeur extraordinairement dommageable pour le film. Il est heureux que le plus grand festival du monde ait pris le temps d’en vérifier minutieusement la véracité”, avaient déclaré après leur sélection les deux professionnelles.

“Un signal dévastateur envoyé aux victimes de violences”.

Par ailleurs, le climat sur le tournage a conduit l’instance paritaire du cinéma, chargée des conditions de travail, à dépêcher une enquête à la suite d’un signalement et rédiger un rapport.Bien que Catherine Corsini et sa productrice Elisabeth Perez aient souligné qu’aucune plainte n’a été déposée contre elles ni contre la production du film, une enquête a été menée concernant les conditions de travail sur le plateau, suite à un signalement. La réalisatrice, qui reconnaît être “intense et sans doute éruptive par moments”, a démenti tout soupçon de harcèlement.

Reste que cette affaire alimente les critiques féministes, au lendemain du come-back controversé de Johnny Depp sur le tapis rouge.

Le collectif 50/50, connu pour son engagement en faveur de l’égalité hommes-femmes et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et dont Catherine Corsini était l’une des membres fondatrices dans la suite du mouvement #MeToo, s’est dit “consterné” de cette sélection, un “signal dévastateur envoyé aux victimes de violences“. Il animera d’ailleurs des tables rondes sur le thème de l’égalité et de la parité tout au long du festival.

“Faire le choix de ce film envoie un message très clair: les violences morales, sexistes et sexuelles ne sont pas un sujet pour le Festival de Cannes“, s’est indignée de son côté le syndicat CGT Spectacle.

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