Une première au Chili : Jeannette Jara propulsée vers la présidentielle par la gauche radicale

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La rédaction

C’est une première historique au Chili : Jeannette Jara, figure du Parti communiste, a été désignée candidate à la présidentielle par une large alliance de gauche. À 51 ans, l’ancienne ministre du Travail a remporté haut la main la primaire progressiste, réunissant 60 % des suffrages. Une percée politique inédite pour la gauche radicale dans un pays encore marqué par son passé dictatorial.

Jeannette Jara, la communiste qui pourrait faire basculer la présidentielle chilienne

Avec son sourire franc et son ancrage dans les réalités populaires, Jeannette Jara s’impose comme la figure de proue de la gauche chilienne. L’avocate communiste représentera la coalition au pouvoir à la présidentielle de novembre, après avoir largement remporté la primaire de dimanche. C’est une première dans l’histoire du Chili : une candidate communiste désignée par une large alliance progressiste pour briguer la présidence. Le président sortant Gabriel Boric, lui, ne peut pas se représenter, la Constitution interdisant deux mandats consécutifs.

À 51 ans, Jeannette Jara remporte la primaire avec 60 % des suffrages. Elle devance nettement Carolina Tohá (28 %), sociale-démocrate, Gonzalo Winter (8,9 %), député du parti de Boric, et Jaime Mulet (2,8 %), représentant d’un petit parti écologiste. Sa campagne a été portée par un message simple et fort : « Je ne viens pas de l’élite, mais d’un Chili qui se lève tôt pour travailler. » Fille d’un mécanicien et d’une femme au foyer, mère d’un fils de 18 ans, Jeannette Jara est l’aînée de cinq enfants. Elle entre en politique comme présidente de la fédération étudiante de l’Université de Santiago à la fin des années 1990. Diplômée en administration publique et en droit, elle devient ensuite ministre du Travail sous Gabriel Boric, où elle mène deux réformes clés : la réduction à 40 heures hebdomadaires et la réforme du système de retraites.

Sa capacité à fédérer et à construire des compromis est saluée par ses proches. « Elle savait rassembler autour d’un objectif commun. C’est une qualité qu’elle a conservée », témoigne Alejandra Placencia, députée communiste et amie de longue date. Ce profil rassembleur, associé à un charisme discret, lui vaut d’être parfois comparée à l’ex-présidente Michelle Bachelet. Son style direct, sans effets de manche, contraste avec celui de Carolina Tohá, jugée plus distante. Pour Nerea Palma, analyste à l’Université Diego Portales, Jara apparaît comme « plus pragmatique, plus proche et clairement connectée à l’électorat fidèle de la majorité ».

Une candidate autonome, au-delà du Parti communiste

Jeannette Jara incarne une gauche affirmée mais ouverte. « Elle reste ferme dans ses positions, elle ne laisse personne changer sa façon de penser », affirme Beatriz Salinas, 27 ans, étudiante et électrice convaincue. Entrée aux Jeunesses communistes à 14 ans, elle s’émancipe aujourd’hui de la ligne stricte du parti. Elle a notamment reconnu, à contre-courant de son organisation, des violations des droits humains à la fois à Cuba et au Venezuela. Et lors de la primaire, elle a tenu à garder ses distances avec Daniel Jadue, ancien maire controversé soutenu par le parti. « Ceux qui souhaitent rejoindre la campagne sont les bienvenus, y compris Daniel Jadue s’il veut faire campagne dans le métro ou distribuer des tracts », a-t-elle tranché avec fermeté.

Mis en cause pour fraude, Daniel Jadue, assigné à résidence, n’a pas pu participer à cette primaire. Il avait déjà été battu par Gabriel Boric en 2021.Le lendemain de sa victoire, Jeannette Jara clarifie encore sa position : « Je suis la candidate du centre gauche, pas du Parti communiste. » Une déclaration qui pourrait élargir son électorat face à ses concurrents de droite, José Antonio Kast et Evelyn Matthei, les deux figures les plus fortes dans les sondages actuels.Dans son discours de victoire, elle appelle à l’unité pour faire face à « la menace » que représenterait, selon elle, l’extrême droite. Une élection s’annonce cruciale dans un Chili toujours traversé par de profondes aspirations au changement.

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