Emmanuel Macron surprend en nommant Rachida Dati, une figure marquante du sarkozysme, ministre de la Culture. Ce choix, à la fois pugnace et clivant, symbolise un virage à droite au sein du gouvernement, mais également la présence d’une personnalité aimée des Français connue pour son franc-parler, qui saura tenir tête aux extrêmes. Sa nomination intervient deux ans avant les élections municipales, où elle ambitionne de conquérir la mairie de Paris.
Le regard de Gabriel Attal sur sa nouvelle ministre
“Rachida Dati est une femme d’engagement, d’énergie, qui toute sa vie s’est battue pour obtenir ce qu’elle voulait obtenir,” salue Gabriel Attal sur TF1, soulignant son parcours marqué par la détermination.
La nomination de Rachida Dati soulève pourtant des questions liées à sa mise en examen dans une enquête sur des contrats conclus par une filiale de Renault-Nissan. Le Premier ministre met en avant la “présomption d’innocence” face à cette affaire, soulignant le caractère complexe de la situation. Sa mise en examen depuis juillet 2021 pour “corruption” et “trafic d’influence passif” dans l’affaire Renault-Nissan la place sous les projecteurs judiciaires. Malgré ces défis, elle nie toute irrégularité et maintient son ambition politique.
Un changement de cap politique
Rachida Dati tourne le dos aux Républicains, un parti fragilisé avec moins de 5% des voix lors de la dernière présidentielle. Eric Ciotti, chef de LR, annonce son exclusion, considérant qu’elle s’est “placée en dehors de notre famille politique.” En rejoignant Macron, elle emboîte le pas à d’autres membres de son ancien parti, tels qu’Edouard Philippe, Bruno Le Maire, et Gérald Darmanin.
Une guerrière politique, reine de la punchline
Rachida Dati ne craint pas les formules choc et se distingue par son caractère combatif. “Objectivement, on peut dire qu’elle fonce. La question est de savoir si elle voit un mur ou pas,” résume un ancien collaborateur. Sa personnalité clivante la rend tant admirée que critiquée.
Les relations houleuses avec Anne Hidalgo, maire de Paris, se sont manifestées rapidement hier. Hidalgo a réagi à la nomination en souhaitant “courage” aux acteurs du monde de la culture, taclant la nouvelle ministre sur son caractère réputé bien trempé.
Un parcours incarnant la méritocratie
Rachida Dati, née le 27 novembre 1965, a une histoire inspirante issue d’une famille de douze enfants. Élevée dans une HLM de Chalon-sur-Saône, d’un père Marocain et d’une mère algérienne, elle a toujours affiché son ambition, payant ses études par des emplois diversifiés.
Ancienne magistrate, reconvertie en avocate de manière dérogatoire en 2010, elle entame un parcours politique fulgurant dès 2002 en devenant conseillère ministérielle de Nicolas Sarkozy, et s’affirme en tant que porte-parole emblématique lors de la campagne victorieuse pour l’élection présidentielle de 2007. À partir de 2006, elle intègre les rangs de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), puis des Républicains (LR) jusqu’en 2024.
Garde des Sceaux sous la Présidence Sarkozy
S’illustrant comme garde des Sceaux, ministre de la Justice au sein des gouvernements Fillon I et II, elle écrit l’histoire en devenant la première figure politique issue de parents immigrés maghrébins à occuper un ministère régalien en France. Durant son mandat, elle impose des peines planchers, réforme le code pénal des mineurs, redessine la carte judiciaire, instaure les fonctions de défenseur des droits et de contrôleur général des lieux de privation de liberté, tout en soutenant activement la révision constitutionnelle de 2008.
Elue au Parlement Européen et Maire du 7e arrondissement
Entre 2009 et 2019, elle siège en tant que députée européenne, tout en étant maire du 7e arrondissement de Paris depuis 2008. Tête de liste des Républicains lors des élections municipales de 2020 à Paris, ses listes se classent en deuxième position derrière celles d’Anne Hidalgo, propulsant ainsi cette battante à la présidence du principal groupe d’opposition au Conseil de Paris. En parallèle, elle exerce également en tant que conseillère de la métropole du Grand Paris, marquant ainsi un parcours politique exceptionnel et multifacette.
Rachida Dati revient en force en politique avec de poste à la Culture. Sa nomination suscite à la fois l’admiration et la controverse, renforçant l’image d’une femme politique déterminée. L’avenir dira comment elle relèvera les défis qui l’attendent au sein du ministère de la Culture.