Une marée violette, a déferlé dans les rues des grands villes françaises. Des dizaines de milliers de personnes, majoritairement des femmes ont manifesté, en ce 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Hommage aux femmes tuées à Paris
“Elles étaient des mères, nos filles, nos soeurs, nos amies”: en tête du cortège parisien, les manifestantes brandissaient les portraits de femmes tuées par leurs conjoints.
Parmi ces victimes, Solveig, mère d’un garçon de trois ans que son oncle a emmené à la marche dans sa poussette. “Je veux qu’il voie qu’il y a d’autres mamans disparues”, explique Sigvald Yvetot, 48 ans.
“Nous ne voulons plus compter les mortes, nous ne voulons plus avoir à manifester!”, a lancé Maëlle Noir, de la coordination nationale du collectif Nous toutes, qui avait appelé à défiler avec d’autres associations féministes et des syndicats, rejoints par plusieurs partis de gauche.
La marche a rassemblé 80.000 personnes entre la place de la Nation et la place de la République selon Nous toutes et la CGT, 16.500 personnes selon la préfecture de police.
En 2022, 118 féminicides ont été recensés, un chiffre quasi stable par rapport à 2021, selon les chiffres officiels. Sur les 11 premiers mois de 2023, les associations féministes ont répertorié 121 féminicides.
Les actions du gouvernement, en progrès mais insuffisantes
La “persistance de la violence faite aux femmes n’est pas une fatalité”, “nous devons y mettre fin et nous allons le faire”, a déclaré le président Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux.
Il a rappelé les actions déjà mises en œuvre comme l’amplitude horaire allongée pour le numéro d’urgence 3919, la mise en place d’une plateforme numérique d’accompagnement, la facilitation du dépôt de plainte, l’augmentation du nombre d’enquêteurs dédiés, le déploiement de “téléphones grave danger” et de “bracelets danger immédiat”, création de places d’hébergement d’urgence) et s’est félicité d’efforts “qui ont porté leurs fruits”.
Les exigences financières des féministes pour une efficacité réelle
Les mesures rappelées par le Président Emmanuel Macron, sont largement insuffisantes pour les organisations féministes, qui demandent depuis plusieurs années des moyens financiers conséquents : au moins 2 milliards d’euros pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, “quand l’Etat n’en dépense que 185 millions”, a rappelé Suzy Rojtam, du collectif Grève féministe. La Fondation des Femmes et sa présidente Anne-Cécile Mailfert, estime que le budget nécessaire serait de 3 milliards d’euros.
C’est “du saupoudrage”, s’insurge Muriel Guibert, co-délégué générale de Solidaires, venue manifester avec l’intersyndicale avec les numéros unes de la CDFT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet.
“On n’en parle plus, mais dans les faits, ça ne bouge pas. Tous les jours mon employeur regarde ma poitrine pour me parler”, partage Lucie, 33 ans, qui travaille dans un centre de formation parisien.
Mobilisation dans de nombreuses villes de province
Sous une marée de pancartes violettes: “Protégez vos filles, éduquez vos fils” (Lyon), “En France, un viol toutes les 6 minutes” (Lille), “On ne nait pas femme mais on en meurt”, “Danser sans être droguée”, “Quand je sors, je veux être libre, pas courageuse” (Strasbourg), “Ras le viol” (Paris).
A Toulouse, Aty, Iranienne de 35 ans, l’empreinte rouge vif d’une main peinte sur le visage, levait une pancarte “Violeur on te voit, victime on te croit”.
“Je suis d’une génération où, lorsqu’il arrivait un problème de violences ou de maltraitance dès l’enfance, on cachait les choses, on gardait secret. Aujourd’hui la parole s’est libérée, se réjouit Anne Tatareau, 62 ans, jeune retraitée qui défilait à Bordeaux.
La dénonciation des meurtres d’israéliennes par le Hamas
La guerre entre Israël et le Hamas s’est invitée dans la manifestation parisienne: des manifestants agitaient des drapeaux palestiniens, en soutien aux femmes de ces territoires, d’autres brandissaient des pancartes “le Hamas viole”.
Quelque 200 manifestantes étaient venues pour “dénoncer les féminicides contre les femmes israéliennes commis par le Hamas”, a expliqué Maya, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. “Mais les forces de l’ordre nous ont demandé de retirer notre banderole +pour notre sécurité+ et nous n’avons pas défilé”.