Première femme noire nommée au conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine (Fed), Lisa Cook est aujourd’hui au cœur d’un bras de fer inédit avec la Maison Blanche. Accusée de malversations par Donald Trump, elle se bat pour conserver son siège et, au-delà, pour défendre l’indépendance de la banque centrale face aux pressions politiques.
Une gouverneure sous attaque présidentielle
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a entrepris de remodeler les institutions selon sa ligne politique. La Fed, chargée de fixer les taux d’intérêt de manière indépendante, n’y échappe pas. Fin août, le président américain a annoncé vouloir révoquer Lisa Cook, l’accusant d’avoir « menti à des banques » lors de demandes de prêts immobiliers personnels, en présentant deux logements comme des résidences principales.
La gouverneure, nommée par Joe Biden, a immédiatement saisi la justice pour contester son éviction. Une bataille juridique s’est engagée, Donald Trump cherchant à l’empêcher de participer aux réunions de politique monétaire. « Le président Trump a révoqué en toute légalité, pour un motif valable, Lisa Cook du conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale », a assuré un porte-parole de la Maison Blanche à l’AFP, promettant une « victoire définitive » devant la Cour suprême. Mais la plus haute juridiction américaine a refusé de trancher dans l’urgence, laissant Lisa Cook en poste au moins jusqu’à janvier 2026.
Le cas de Lisa Cook cristallise un enjeu institutionnel majeur : jusqu’où le président peut-il aller pour influencer une institution censée agir en dehors des aléas politiques ? Les gouverneurs de la Fed disposent de mandats longs, 14 ans, précisément pour garantir leur indépendance. Celui de Lisa Cook court jusqu’en 2038.
Pour ses défenseurs, les accusations de Donald Trump ne sont qu’un « prétexte » pour libérer un siège stratégique au sein de la banque centrale et y placer un allié favorable à sa politique de baisse des taux. La Fed, elle, s’est bornée à rappeler qu’elle se conformerait à toute décision de justice, refusant de commenter une procédure qui met à l’épreuve son autonomie.
« Cela menacera l’indépendance » de la Fed
La semaine dernière, plusieurs anciens présidents de la Fed et ex-secrétaires au Trésor ont déposé un mémoire auprès de la Cour suprême, estimant que si la révocation de Lisa Cook était validée, « cela menacera l’indépendance » de la Fed « et la confiance de la population » à son égard.
Au-delà de la bataille judiciaire, Lisa Cook incarne aujourd’hui la résistance d’une institution et d’une femme à une tentative de reprise en main politique. Son combat dépasse sa propre carrière : il pose la question de la survie d’une banque centrale indépendante dans une démocratie soumise à la polarisation extrême.
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