Jane Fonda relance le combat pour la liberté d’expression face à Donald Trump

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Loïs Boumal

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À 87 ans, l’actrice américaine, Jane Fonda, ressuscite le “Comité pour le Premier Amendement”, fondé en 1947 par son père Henry Fonda, pour défendre un droit qu’elle juge à nouveau menacé par l’administration Trump. Entourée de centaines de personnalités hollywoodiennes comme Natalie Portman, Anne Hathaway ou Billie Eilish, elle fait renaître un symbole de résistance face à la censure politique.

Un héritage de lutte contre la répression

Soixante-dix-huit ans après sa création, le Comité pour le Premier Amendement renaît de ses cendres. Jane Fonda, figure majeure du militantisme américain, a annoncé le 1er octobre la relance du mouvement fondé par son père, Henry Fonda, en pleine Guerre froide. En 1947, ce comité avait été créé pour soutenir les acteurs, scénaristes et réalisateurs d’Hollywood accusés de sympathies communistes dans le contexte du maccarthysme. Parmi les membres historiques figuraient Judy Garland, Humphrey Bogart ou encore Frank Sinatra.

« Ce comité avait initialement été créé pendant l’ère McCarthy, une période sombre durant laquelle le gouvernement fédéral avait réprimé et persécuté les citoyens américains pour leurs convictions politiques, rappelle Jane Fonda. Ces forces sont de retour. Et c’est à notre tour de nous unir pour défendre nos droits constitutionnels. »

À l’époque, le groupe avait été accusé de sympathies communistes, provoquant la chute de nombreuses carrières et la dissolution du mouvement. Aujourd’hui, Jane Fonda promet que la nouvelle version du comité « n’est pas un tir de sommation. C’est le début d’une lutte soutenue ».

Une union hollywoodienne contre la censure : Natalie Portman, Anne Hathaway, Sean Penn…

Aux côtés de Jane Fonda, plus de 550 personnalités se mobilisent : Natalie Portman, Anne Hathaway, Sean Penn, Spike Lee, Billie Eilish ou encore John Legend ont signé le manifeste. Les signataires dénoncent « une campagne coordonnée visant à réduire au silence les détracteurs au sein du gouvernement, des médias, du pouvoir judiciaire, du monde universitaire et de l’industrie du divertissement ».

Le comité met en garde contre une censure gouvernementale grandissante : « La liberté d’expression est un droit inaliénable de tous les Américains […] La possibilité de critiquer, de remettre en question, de protester, et même de se moquer des personnes au pouvoir est fondamentale pour ce que l’Amérique a toujours aspiré à être. »

La relance du mouvement intervient dans un climat tendu à Hollywood. La suspension temporaire de l’animateur Jimmy Kimmel par la chaîne ABC, après des remarques sur l’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk, a ravivé les inquiétudes. « Un gouvernement qui menace de faire taire un comédien que le président n’aime pas est antiaméricain », a déclaré Kimmel lors de son retour à l’antenne.

Le nouveau comité promet de « rester ensemble, férocement uni, pour défendre la liberté d’expression », tout en prévenant les studios hollywoodiens : « À ceux qui profitent de notre travail tout en menaçant le gagne-pain des travailleurs ordinaires, en se soumettant à la censure gouvernementale et en fléchissant face à l’intimidation brute : on vous voit et l’histoire ne vous oubliera pas. »

Jane Fonda, une vie d’engagement

Pour Jane Fonda, cette nouvelle bataille s’inscrit dans la continuité d’une vie d’activisme. Militante contre la guerre du Vietnam dans les années 1970, une prise de position qui lui valut d’être traitée de “traîtresse”, elle a aussi défendu les droits civiques, le féminisme et plus récemment l’écologie. À 81 ans, elle lançait les Fire Drill Fridays, des manifestations hebdomadaires pour le climat devant le Congrès américain, qui lui valurent une arrestation et une nuit en prison.

« J’ai 87 ans. J’ai vu la guerre, la répression, les manifestations et les réactions négatives. J’ai été célébrée et qualifiée d’ennemie de l’État. Mais je peux vous dire une chose : c’est le moment le plus effrayant de ma vie, confie-t-elle. Quand j’ai peur, je me tourne vers l’histoire. La seule chose qui ait jamais fonctionné, à maintes reprises, c’est la solidarité : se serrer les coudes, trouver le courage dans un nombre trop grand pour être ignorés, et se soutenir les uns les autres. »

Le mouvement de Jane Fonda prend un relief particulier alors que l’administration Trump revendiquait encore récemment être la garante absolue du Premier Amendement. Le vice-président J.D. Vance affirmait même, lors d’un déplacement en Europe, que « la liberté d’expression y était plus menacée qu’en Russie ou en Chine ». Pourtant, les décisions de la Maison-Blanche ont, depuis, instauré un contrôle strict sur la parole publique au sein des agences fédérales et des médias.

Face à ce paradoxe, Jane Fonda et ses alliés appellent à ne pas répéter les erreurs du passé. Leur message, porté par une génération entière d’artistes et de citoyens, sonne comme un avertissement : la liberté d’expression, conquise de haute lutte, ne peut être considérée comme acquise.

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