Elisabeth Borne : un an à Matignon

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La Première Ministère, Elisabeth Borne fête son premier anniversaire à Matignon. Affaiblie par la crise entrainée par la réforme des retraites, Elisabeth Borne reste concentrée sur sa mission. Un an après sa nomination en tant que Première ministre, elle tente de renouer avec les syndicats et avancer sur l’immigration.

Depuis son installation à Matignon le 16 mai 2022, la Première ministre Elisabeth Borne a imposé son style de femme discrète, solide et résiliente.

Celle qui a vu son siège vaciller un mois après son arrivée, quand les élections législatives l’ont dépourvue de majorité absolue à l’Assemblée s’apprête à traverser toutes les tempêtes. La cheffe du gouvernement met alors en place sa méthode basée sur le dialogue et le compromis pour bâtir des majorités “de projet” mais se voit forcée de recourir au 49.3 sur le budget. C’est cette procédure de passage en force parlementaire, utilisée pour la dixième fois le 16 mars, sur la réforme des retraites, qui la fragiliser plus que jamais. Echappant à une motion de censure à seulement 9 voix, elle voit renaitre les rumeurs sur son remplacement.

Mais Emmanuel Macron lui renouvelle tout de même sa confiance en lui assignant de conduire son gouvernement à travers cent jours de réformes jusqu’au 14 juillet. Avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, elle doit aussi, avant cette date, élaborer un projet de loi sur l’immigration susceptible de réunir une majorité au Parlement. D’ici là, elle devra se frotter au vote risqué de la proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans.

Des tensions au gouvernement

Des frictions émergent tout de même au sommet de l’exécutif. Différences de personnalités, de ton ou d’intention sont scrutées et analysées. Comme lorsqu’Elisabeth Borne appelle à ne pas “brusquer les choses” pour panser les plaies de la crise des retraites, semblant sortir de la ligne fixée par un président en voyage en Chine.

Le chef de l’Etat se montre effectivement méfiant sur sa promesse de ne plus utiliser le 49.3.  La Première ministre vit “la situation la plus compliquée politiquement de la Ve République” mais “il n’y a pas d’alternative”, estime un proche du président. Elle “reste une Première ministre empêchée” par un président “clivant, très critiqué”, un parti Renaissance qui n’est “pas un vrai parti”, et des partenaires potentiels LR “fragilisés”, estime le constitutionnaliste Benjamin Morel. “Quand elle dit qu’elle n’utilisera plus le 49.3, c’est le constat d’un rapport de force défavorable”, note-t-il.

Une femme dédiée au service de l’état

Désireuse de rester à Matignon, l’ancienne préfète et ministre entretien la réputation d’une femme discrète et sans visées politiques de présidence. Elle “a une approche désintéressée du pouvoir, elle a une exigence de servir”, explique une députée Renaissance, alors qu’elle aurait pu“craquer mille fois”, note une ministre.

“Ceux qui quittent Matignon ont une vision derrière. Or Elisabeth Borne n’a pas d’ambitions” et si elle en avait, elle “n’a pas de troupes, elle est seule”, avance Benjamin Morel. “Pour elle, c’est Matignon ou la retraite”.

 

Une ministre très discrète

Très attachée a sa vie privée, la Première ministre a assigné en justice l’éditeur d’une biographie la concernant pour qu’il en retire de nombreux passages, a indiqué la maison d’édition l’Archipel. Le livre concerné, “La Secrète”, de la journaliste Bérengère Bonte, a été mis en vente le 4 mai. Pour se justifier, la cheffe du gouvernement réclame la suppression des passages “faisant référence à sa santé et son orientation sexuelle”, ainsi que “ceux faisant référence à sa vie familiale, ces informations ne pouvant s’inscrire dans le périmètre d’une légitime liberté d’information du public”.

Dans cette assignation devant le tribunal judiciaire de Nanterre, la première ministre demande la suppression, “dans toute nouvelle édition ou réimpression”, de ces nombreux passages, qui viderait le livre d’une bonne partie de sa substance, sous astreinte de 1.000 euros par infraction constatée. Les exemplaires actuellement en vente pourront rester tels quels et n’ont pas à être retirés, a précisé l’avocate de la Première ministre, Emilie Sudre.

Elle réclame un euro de dommages et intérêts et 5.000 euros au titre des frais de justice.

Dans un communiqué, les éditions de l’Archipel ont défendu la qualité du travail de l’autrice. “Ce livre, fruit d’un an d’enquête, de dizaines d’interviews dont deux longs entretiens avec Mme Borne ainsi que d’autres avec des membres éminents de son cabinet, de sa famille et de son cercle amical proche auxquels elle avait donné son accord, est la première biographie de la Première ministre nommée le 16 mai 2022”, ont-elles détaillé.

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