Zhanna Agalakova : une journaliste russe qui dénonce la propagande

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La rédaction

Zhanna Agalakova, journaliste russe d’une grande chaîne de télévision a dénoncé la propagande qui règne à l’intérieur du système médiatique en Russie.

La propagande russe omniprésente

Zhanna Agalakova a démissionné de la grande chaîne de télévision russe le 3 mars, à la suite de l’invasion russe. Lors d’une conférence à Paris organisée par Reporters sans frontières (RSF), qui défend les droits des journalistes à travers le monde, elle a déclaré « Je veux que la Russie m’entende, que les gens apprennent à distinguer la propagande (…), arrêtent d’être zombifiés ».

La journaliste rapporte que le système médiatique russe « transmet uniquement le point de vue du Kremlin ». En évitant de prononcer le nom de Vladimir Poutine, elle raconte « Nos actualités ne montrent pas le pays, on ne voit pas la Russie. On ne voit que le premier homme du pays, ce qu’il a mangé, à qui il a serré la main, nous l’avons même vu torse nu. Mais on ne sait pas s’il est marié, s’il a des enfants ».
Elle explique le fonctionnement des médias et de la propagande russe, qui joue sur les peurs de la population. Elle accuse le pouvoir de jouer sur « la corde sensible des russes » pour justifier ses actions comme la guerre en Ukraine, en rapportant vouloir lutter contre des groupes nazis. Le pays reste en effet traumatisé par la Première Guerre Mondial et ses « 27 millions de morts » soviétiques « Quand, en Russie, on entend le mot nazi, on n’a qu’une seule réaction: il faut détruire ça. C’est une manipulation, un énorme mensonge ».

Les journalistes russes se désolidarisent

Les larmes aux yeux, Zhanna Agalakova explique que sortir du système russe est très compliqué mais que la guerre en Ukraine a été pour elle « la ligne rouge à ne pas franchir ». Bien qu’elle ne travaille plus sur le sol russe depuis 2005 en devenant correspondante à l’étranger, elle rapporte que la propagande ne s’arrête jamais « Je pensais qu’en racontant la vie en Europe, et surtout à Paris, je pouvais éviter d’être propagandiste » « Je n’étais plus à l’abri de la propagande. Je ne devais parler que de choses négatives au sujet des Etats-Unis, comme par exemple des enfants adoptés maltraités ».

Elle raconte un système très bien ficelé qui manipule constamment la vérité « Je n’ai pas menti, chaque fait était réel. Mais prenez des faits réels, mélangez-les et vous aboutirez à un gros mensonge ». « De nombreux journalistes pensent comme moi » rapporte la journaliste.
En effet, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF déclare « Ces derniers jours, nous observons des remous à l’intérieur de ces médias de propagande », avec « un certain nombre de démissions, difficiles à chiffrer ». Mi-mars, une autre journaliste, Marina Ovsiannikova a dénoncé la propagande en faisant irruption sur le plateau de Pervy Kanal, où elle travaillait, avec une pancarte dénonçant l’offensive en Ukraine.

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