Violences conjugales : plus de trois femmes victimes de féminicide ou tentative chaque jour en France

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Selon les données publiées par la Miprof (mission interministérielle pour la protection des femmes) dans la lettre annuelle de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, plus de trois femmes par jour ont été victimes en 2024 d’un féminicide conjugal, d’une tentative de féminicide ou d’un suicide lié aux violences de leur conjoint ou ex-conjoint.

Le rapport en ce jour du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, décrit une situation en aggravation. En 2024, 1 283 femmes ont été touchées par des féminicides directs, indirects ou tentatives de féminicides conjugaux — contre 1 196 en 2023. Cela représente en moyenne 3,5 femmes victimes chaque jour.

La formule est brutale et implacable :
👉 « Toutes les 7 heures, il y a une femme que son conjoint ou ex-conjoint tue, tente de tuer, ou pousse au suicide », souligne le rapport.

Dans le détail :

  • 107 féminicides conjugaux recensés en 2024

  • 270 tentatives de féminicides

  • 906 cas de harcèlement conjugal ayant conduit à un suicide ou une tentative

L’Observatoire précise que ces chiffres ne couvrent que les violences au sein du couple, excluant les féminicides commis hors cadre conjugal. Le phénomène global est donc encore plus large et sous-estimé.

Un continuum massif de violences sexistes et sexuelles

Au-delà des féminicides, la lettre rappelle l’ampleur des violences sexuelles en France. Selon l’enquête annuelle du ministère de l’Intérieur (“Vécu et ressenti en matière de sécurité”, données 2023) :

  • toutes les 2 minutes, une femme est victime de viol, tentative de viol ou agression sexuelle

  • toutes les 23 secondes, une femme subit du harcèlement sexuel, une exhibition ou un envoi non sollicité d’images sexuelles

Ces données confirment un continuum de violences qui touche les femmes « à tout âge, et dans toutes les sphères de leur vie », analyse Roxana Maracineanu, secrétaire générale de la Miprof.

Le rapport insiste sur le caractère systémique du problème : les femmes restent les « cibles principales – pour ne pas dire quasi-exclusives – des violences sexistes et sexuelles ». Ce constat, répété d’année en année, souligne l’insuffisance des mesures actuelles.

Former, repérer, signaler : les urgences mises en avant par la Miprof

Pour briser ce « cycle infernal », Roxana Maracineanu appelle à renforcer massivement la formation de tous les professionnels en première ligne : policiers, gendarmes, urgentistes, magistrats, travailleurs sociaux, personnels scolaires et médicaux.

Selon elle, le repérage et le signalement systématique des violences doivent devenir un « réflexe professionnel », tant les femmes victimes continuent encore de se heurter à des refus de plainte, des minimisations ou des défaillances de prise en charge.

La Miprof rappelle également l’importance :

  • des ordonnances de protection

  • des hébergements d’urgence pour les femmes en danger

  • des dispositifs anti-rapprochement

  • de l’accès facilité au 3919 et aux structures d’accompagnement

Le rapport appelle enfin à une meilleure coordination entre institutions, système judiciaire et acteurs associatifs, jugeant l’éclatement des dispositifs encore trop pénalisant pour les victimes.

Alors que les violences conjugales représentent déjà la première cause de mortalité violente chez les femmes, les chiffres de 2024 confirment que la lutte contre les féminicides reste l’un des enjeux majeurs de santé publique et de protection des droits fondamentaux.

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