VIDEO – Phénomène qui concerne plus de 3 millions de français, l’infertilité fera l’objet d’un “grand plan” selon les annonces d’Emmanuel Macron. L’infertilité touche près d’ “un couple sur 4 dans notre pays” détaille Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle nous explique ce phénomène qui est avant tout ” une souffrance” pour les couples touchés et pourquoi le gouvernement de Gabriel Attal va s’attaquer à cette problématique en proposant certainement un bilan de fertilité avant 25 ans.
3,3 millions de français touchés par l’infertilité
Environ 3,3 millions de français sont affectés, selon un rapport transmis à l’exécutif en février 2022 et copiloté par le professeur Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier.
— The Women’s Voices (@TheWomensVoice1) January 24, 2024
“C’est un vrai enjeu de santé publique” détaille Aurore Bergé au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices. “L’infertilité progresse” avait en effet rappelé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse.
En France, environ un couple sur quatre en désir d’enfants ne parvient pas à obtenir une grossesse après 12 mois d’essais ou plus. Ce délai correspond à la définition de l’infertilité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La fertilité décline progressivement après 30 ans
“Les femmes ont des enfants de plus en plus tard. Quand c’est un souhait, c’est totalement respectable, mais pour beaucoup de femmes, elles pensent qu’elles n’ont pas intérêt à avoir un enfant tôt pour le bien de leur carrière et de leur vie professionnelle” explique Aurore Bergé.
“En France comme dans l’ensemble des pays industrialisés, la hausse de l’infertilité résulte tout d’abord du recul de l’âge à la maternité. En quatre décennies, cet âge a augmenté de cinq ans”, confirme le rapport, qui rappelle que la fertilité décline progressivement après 30 ans.
Par ailleurs, ils existent de nombreuses causes médicales (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes…), des facteurs liés au mode de vie (tabac, alcool, obésité…) mais aussi une baisse de la qualité du sperme. Toutes ces pathologies peuvent être liée en partie à des facteurs environnementaux.
Les hommes, aussi touchés par l’infertilité
Aurore Bergé souligne que l’infertilité “frappe d’ailleurs en ce moment plus durement les hommes que les femmes” et que des “hommes ne savent pas à qui demander conseil ou assistance” lorsqu’ils sont concernés par l’infertilité.
Dans le monde, environ une personne sur six “est touchée par l’incapacité d’avoir un enfant à un moment ou à un autre de la vie”, ce qui “peut entraîner une détresse majeure, de la stigmatisation et des difficultés financières”, selon un rapport de l’OMS publié début avril 2023.
Pour l’organisation basée à Genève, ce “problème sanitaire majeur” nécessite que les pays favorisent sa prévention, son diagnostic et son traitement. À noter que le phénomène touche 17,8% de la population adulte des pays riches et 16,5% des pays à revenus faibles et intermédiaires.
L’infertilité, le “tabou du siècle”
Aurore Bergé estime qu’il est essentiel “d’aborder le sujet” afin de “laisser le libre choix d’avoir ou de ne pas avoir un enfant”. Elle reproche le caractère “tabou” du sujet qui laisse “beaucoup de souffrance dans l’intimité”. Aurore Bergé souhaite donc banaliser le sujet pour que les couples puissent décider, en connaissance de cause de réaliser ou non un désir d’enfant.
D’ailleurs, la ministre en charge de l’égalité rappelle qu’il est parfois difficile de trouver un gynécologue pour les femmes dans certaines régions.
Pour répondre à cette hausse de l’infertilité, problème aussi qualifié de “tabou du siècle” par le président français, “un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre (…) ce réarmement démographique”. Une expression qui a fait bondir de nombreuses féministes, qui ont interprété cette phrase comme une injonction à la maternité et un dénigrement des femmes ne souhaitant pas avoir d’enfant.
Informer, dès le collège, des enjeux de la reproduction et du déclin de l’infertilité avec l’âge
Attendu depuis plusieurs années, le plan national de lutte contre l’infertilité est en réalité prévu par la loi bioéthique de 2021. Dans le prolongement de la loi, les ex-ministre de la Santé et secrétaire d’État chargé de la Famille d’alors, Olivier Véran et Adrien Taquet, avaient fait appel à deux spécialistes pour “faire le point” sur les causes d’infertilité et proposer des mesures.
Parmi ses préconisations, leur rapport suggère d’informer régulièrement, dès le collège, sur la physiologie de la reproduction et le déclin de la fertilité avec l’âge, ou d’instaurer des consultations ciblées pour repérer de potentiels facteurs d’altération. Initialement, l’exécutif assurait vouloir transformer ce rapport en “une stratégie de lutte contre toutes les causes d’infertilité pour le printemps 2022”.
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