Une vaste cargaison de contraceptifs féminins financés par les États-Unis, entreposée en Belgique, est désormais inutilisable en raison d’un stockage non conforme, selon les autorités régionales flamandes. Cette affaire, qui secoue la diplomatie européenne depuis des mois, concerne des pilules, injections et dispositifs contraceptifs initialement achetés par l’USAID pour être distribués dans certains des pays les plus pauvres du monde, notamment en Afrique subsaharienne.
Au total, 20 des 24 camions chargés de contraceptifs, d’une valeur estimée à 9,7 millions de dollars, sont aujourd’hui considérés comme périmés. Le ministre flamand de l’Environnement, Jo Brouns, a indiqué dans une réponse écrite à un député que les stocks étaient, au départ, conservés selon les normes pharmaceutiques dans un entrepôt spécialisé à Geel, dans le nord du pays.
Mais une inspection menée en août a révélé qu’une grande partie des fournitures avait été déplacée vers un autre entrepôt qui n’était pas équipé pour stocker des médicaments sensibles. L’Agence fédérale des médicaments (AFMPS) a ensuite confirmé que ces contraceptifs ne pouvaient plus être distribués en raison du non-respect strict des conditions de conservation requises, notamment en matière de température et d’humidité.
Seuls les dispositifs médicaux comme les seringues, ainsi que les quatre cargaisons restées dans l’entrepôt de Geel, demeurent utilisables. Ces éléments ont été détaillés dans les réponses du ministre publiées en ligne lundi, confirmant une situation largement plus grave que prévu.
Un dossier diplomatique explosif entre Bruxelles, Washington et la Commission européenne
Ces contraceptifs avaient été acquis sous l’administration Joe Biden, dans le cadre des programmes de santé mondiale de l’USAID visant à soutenir l’accès des femmes à la contraception dans les régions les plus vulnérables. Mais en juillet, l’administration suivante, dirigée par Donald Trump, a annoncé son intention de détruire l’intégralité du stock entreposé en Belgique. Cette décision a immédiatement provoqué un vif tollé international.
ONG de santé, organisations féministes et associations de défense des droits sexuels, notamment en France, ont dénoncé une mesure « inhumaine » susceptible de priver des millions de femmes de moyens contraceptifs essentiels. Plusieurs députés européens ont, en septembre, appelé Ursula von der Leyen à intervenir « de toute urgence » pour empêcher la destruction de ces produits financés par un programme américain.
Si le bras de fer diplomatique semblait déjà tendu, la découverte que la majorité des contraceptifs sont désormais inutilisables ajoute une dimension de gâchis sanitaire et financier sans précédent. Pour les ONG, cette affaire illustre l’impact dramatique des jeux politiques internationaux sur l’accès à la santé reproductive.
Pour Washington, la question est sensible : l’administration Trump dénonce depuis des années les programmes de contraception financés à l’étranger. Pour Bruxelles, l’enjeu touche autant aux relations transatlantiques qu’à l’image de la Belgique comme plateforme logistique fiable pour les produits de santé.
L’avenir des cargaisons utilisables reste incertain, tout comme la responsabilité exacte du transfert vers un entrepôt inadapté. Mais une chose est certaine : cette crise met en lumière les tensions persistantes autour des droits reproductifs, de la diplomatie sanitaire et du rôle stratégique des infrastructures européennes.
