Transidentité : le mouvement féministe en désaccord

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La rédaction

Le mouvement féministe est divisé sur la question de la trans-identité et de l’invisibilisation des femmes cis-genre (c’est-à-dire en accord avec le genre qui leur a été assigné à la naissance).

Des propos transphobes réaniment le débat

Le collectif Nous-Toutes qui relaie depuis 2016 le nombre de féminicides en France a décidé de cesser le décompte. Le débat entre féminisme « critiques du genre » (c’est-à-dire qui ne prend pas en compte que les femmes cis-genre) et féminisme  « inclusif » c’est-à-dire qui prend en compte les femmes transgenres est ranimé. L’association Féminicides par compagnon ou ex, est accusée de transphobie, ce qui a motivé la décision du collectif.  Celui-ci critiquait les « aspects toxiques » et « la masculinité antérieur » des femmes transgenres.

« Le collectif a tenu des propos transphobes et c’est contraire à nos valeurs », explique Marylie Breuil, porte parole de l’association Nous-Toutes.

Les féministes divisées sur le sujet

Le discours affirmant que les femmes transgenres étaient auparavant des hommes et non des femmes dans des corps masculins, décrédibilise la cause et la détresse des personnes concernées. Celles-ci sont forcées à vivre dans un corps qui ne leur correspond pas durant de longues années.  Ces propos « ravivent les traumatismes » chez des femmes qui ont subi une « éducation masculine forcée par la famille » rappelle Claire Vandendriessche, porte parole d’Acceptess-T, qui lutte pour un féminisme inclusif.

Le planning Familial soutient et souhaite protéger la communauté trans. « Le Planning est ouvert à tous et toutes, on utilise un vocabulaire plus inclusif pour que les personnes s’identifient mais ce n’est pas pour autant qu’on enlève le mot femme ».

C’est en effet ce qui inquiète les féministes « critiques du genre ». Pour Marguerine Stern, créatrice du collectif Des collages contre les Féminicides il n’est pas normal qu’une minorité prenne « autant de place dans le débat », elle s’inquiète d’une « invisibilisation des femmes » cisgenres.  

Un débat nécessaire ou néfaste ?

Les débats au sein même du milieu augmentent le climat de violence qui règne à l’encontre des féministes.  La porte parole de “Osez le féminisme”, Céline Piques affirme que « le sujet est miné » et déplore des « raids très agressifs ». Marguerite Stern, témoigne « On a reçu des œufs dans le visage, on a été frappées parce qu’on tient cette position ». Françoise Picq, historienne du féminisme n’est pas surprise de cette division « La division fait partie du féminisme, ça a toujours été le cas, elle ne porte pas sur les mêmes thèmes selon les périodes ».

Pour Geneviève Fraisse, autrice d’A coté du genre, sexe et philosophie de l’égalité cette division est même bon signe « c’est un signe de bonne santé politique, nous sommes suffisamment nombreuses pour être en désaccord ».  

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