Svetlana Tikhanovskaïa est devenue le porte-voix des détracteurs du pouvoir autoritaire du président M. Loukachenko. Cette femme, ancienne enseignante d’anglais, incarne l’opposition bélarusse, et dénonce la collusion de la Biélorussie avec la Russie dans l’invasion en Ukraine.
« Haute trahison » de Loukachenko
« Les forces militaires russes, avec l’aide du régime de Loukachenko, ont lancé des frappes contre les villes ukrainiennes. Ces attaques ont aussi été réalisées depuis le territoire bélarusse », a expliqué Svetlana Tikhanovskaïa, lors d’une conférence de presse à l’ambassade de Lituanie à Paris. « Ceci fait du Bélarus un état agresseur » et « une des parties à ce conflit armé », a précisé l’opposante. Les militaires de Moscou sont entrés en Ukraine depuis la Crimée annexée, mais aussi depuis le Bélarus, où des soldates russes étaient stationnés officiellement pour des « exercices ».
Considérée par les Occidentaux comme la véritable vainqueure de l’élection présidentielle de 2020, cette opposante en exil a dénoncé les agissements du président Alexandre Loukachenko qu’elle qualifie de « haute trahison et d’acte de traîtrise contre les intérêts de notre peuple et la République du Bélarus ». Estimant que M. Loukachenko avait « perdu le droit de s’exprimer au nom du peuple bélarusse », Svetlana Tikhanovskaïa a déclaré prendre « la responsabilité de représenter le peuple et la République du Bélarus la face au chef de l’Etat sortant. »
L’Union Européenne avait appelé la Biélorussie à « ne pas prendre part » à l’attaque et aux opérations militaires menés par la Russie en Ukraine.
Opposante malgré elle
Svetlana Tikhanovskaïa, n’était pas une femme engagée en politique jusqu’à 2020. Eventuel candidat à la présidentielle, son mari, Sergueï Tikhanovski avait été arrêté en mai 2020. Il avait acquis une grande notoriété grâce à des vidéos sur YouTube où il dénonçait la corruption d’Alexandre Loukachenko, qu’il surnommait le « cafard », il risque désormais 15 ans de prison.
Svetlana Tikhanovskaïa avait alors pris sa place, et réussi à remporter une forte adhésion du peuple. Devenue cheffe de l’opposition bélarusse, elle est cependant contrainte à l’exil pour ne pas subir aussi un emprisonnement arbitraire. Depuis, elle rencontre de nombreux chefs d’Etat occidentaux, pour accroître la pression sur le président.
Svetlana Tikhanovskaïa, se prononce aujourd’hui en faveur d’une « mobilisation anti-guerre. ». « Il faut qu’on cesse de regarder les Bélarusses comme des agresseurs », a-t-elle précisé. Elle exhorte d’ailleurs les militaires bélarusses soit à « refuser de participer à la guerre, soit à aller aussitôt du côté des Ukrainiens ».