Maria Corina Machado, opposante vénézuélienne et Nobel de la paix, est arrivée clandestinement à Oslo après un périple secret ponctué de déguisements, traversée en mer et postes militaires franchis — elle promet désormais de rentrer coûte que coûte au Venezuela.
Un départ sous haute incertitude jusqu’à la dernière minute
L’arrivée de Maria Corina Machado à Oslo a pris de court la communauté internationale. L’opposante, entrée en clandestinité en août 2024 après avoir été empêchée de se présenter à la présidentielle, n’était plus apparue en public depuis une manifestation à Caracas le 9 janvier 2025. Son sort restait inconnu alors même qu’elle venait d’être récompensée par le prix Nobel de la paix.
Le 6 novembre, l’Institut Nobel annonce qu’elle viendra à Oslo. Mais la conférence de presse programmée le 9 décembre est d’abord retardée, puis annulée sans explications.
👉 « Je ne sais tout simplement pas où elle se trouve exactement », confie alors Kristian Berg Harpviken, directeur de l’Institut Nobel.
À quelques heures de la remise du prix, les organisateurs annoncent officiellement son absence : sa fille Ana Corina le recevra en son nom. Puis un nouveau rebondissement survient : l’Institut Nobel révèle qu’elle arrivera finalement à Oslo jeudi matin, après un “voyage en situation d’extrême danger”.
À 02h00 dans la nuit de mercredi à jeudi, Machado apparaît au balcon du Grand Hotel, acclamée par une foule de partisans. C’est sa première apparition publique depuis près d’un an.
Déguisement, postes militaires, traversée en mer : les coulisses d’une fuite périlleuse
Maria Corina Machado n’a pas livré tous les détails de son évasion, pour ne pas exposer ceux qui l’ont aidée. Mais plusieurs éléments sont confirmés :
Selon le Wall Street Journal, elle débute son évasion lundi après-midi déguisée avec une perruque. Elle doit rejoindre un village de pêcheurs après avoir franchi dix postes de contrôle militaires, échappant chaque fois à l’arrestation.
Dans la nuit de lundi à mardi, elle embarque pour une traversée risquée de la mer des Caraïbes vers Curaçao.
Le journal précise que l’armée américaine avait été avertie pour éviter que l’embarcation ne soit prise pour cible.
Elle arrive vers 15h mardi et est prise en charge par un spécialiste des opérations d’exfiltration envoyé par l’administration Trump.
L’ampleur réelle de l’implication américaine demeure incertaine.
Après quelques heures de repos, Machado embarque mercredi matin dans un jet privé vers la Norvège.
👉 « Je n’ai même pas eu le temps de prendre une douche », confie-t-elle à la BBC.
À Oslo, elle remercie “tous ces hommes et ces femmes qui ont risqué leur vie”.
Un retour au Venezuela ? Machado promet de “finir le travail”, malgré le risque d’arrestation
Maria Corina Machado assure vouloir rentrer au Venezuela malgré les risques :
👉 « Je ferai tout mon possible pour rentrer et mettre fin à cette tyrannie très bientôt. »
La justice vénézuélienne la recherche pour “conspiration”, “incitation à la haine” et “terrorisme”. Si elle revient, elle pourrait être immédiatement arrêtée, même si Caracas a parfois évité d’emprisonner des figures très visibles pour ne pas créer de scandale international.
Elle reconnaît que “être dans l’opposition au Venezuela est très dangereux”, alors que le régime Maduro accuse les États-Unis de vouloir le renverser pour s’emparer des ressources pétrolières du pays.
Machado, très critique envers Maduro, est elle-même critiquée par certains pour sa proximité politique avec Donald Trump, auquel elle a dédié son Nobel. Elle affirme que les actions de l’ancien président américain ont été “décisives” pour affaiblir le régime.
