Lors d’une journée marquée par des discours et des débats au Zénith de Paris, Marylise Léon a succédé à Laurent Berger à la tête de la CFDT, le plus grand syndicat français. Cet événement marque non seulement le passage de relais à la direction, mais offre également l’occasion au syndicat de célébrer sa bonne « forme » et sa cohésion dans une ambiance joyeuse.
La deuxième femme à occuper ce poste
À 46 ans, Marylise Léon, qui occupait le poste de numéro deux du syndicat depuis 2018, a dévoilé avoir été élue secrétaire générale de la CFDT à l’unanimité du bureau national, devenant ainsi la deuxième femme à occuper cette fonction après Nicole Notat.
« J’ai beaucoup de chance de prendre la suite de Laurent parce que la maison se porte très bien, elle est cohérente, il y a beaucoup de solidarité interne. Je sais que les travailleurs comptent sur la CFDT », a-t-elle expliqué auprès de la presse.
Dans son premier discours en tant que numéro un, Mme Léon a suivi les pas de Laurent Berger, défendant un syndicalisme qui sait « qui sait fermement s’opposer lorsque c’est nécessaire, mais aussi fermement négocier des compromis », et voyant dans la CFDT une organisation qui lutte pour une « société plus démocratique, plus sociale et plus écologique ».
La CFDT luttera pour des revalorisations salariales dans le secteur privé et public, une « réelle conditionnalité des aides publiques », la « création d’un vrai droit à la reconversion », la « prévoyance pour tous », la « reconnaissance de la pénibilité », la création d’un compte épargne temps universel et la révision des ordonnances travail de 2017, promet-elle.
Représentante de la CFDT au sein de l’intersyndicale qui a mené la bataille contre la réforme des retraites, Mme Léon a souligné que « l’intérêt des travailleurs nécessite que les organisations syndicales travaillent ensemble », tout en expliquant que ce n’est « pas une fin en soi », mais un « moyen du rapport de force » parmi d’autres.
Sur une note plus personnelle, elle a rendu un émouvant et très applaudi hommage à Laurent Berger, un « sacré bonhomme » qui a su mettre en place une « si belle organisation », et grâce à qui « la mixité dans l’organisation n’est pas restée un vœu pieux ».
« Sentiment du devoir accompli »
Laurent Berger, qui occupait le poste de secrétaire général depuis novembre 2012, s’est dit « fier de ce que (la CFDT a) construit durant ces 11 années à militer ensemble ».
La CFDT n’est « pas parfaite, mais elle est en forme. Ensemble, nous sommes devenus la première organisation syndicale ! (en 2018, NDLR) Nous assumons le leadership dans le monde syndical », a-t-il dévoilé devant environ 2 700 militants.
Berger a évoqué les « 46 000 » adhérents qui ont rejoint la CFDT depuis janvier (pour un total de 612 000 adhérents fin 2022), grâce au conflit social contre la réforme des retraites qui a insufflé un nouvel élan au syndicalisme.
En tant que figure marquante de l’opposition à Emmanuel Macron, il a défendu la « ligne » de la CFDT, consistant à « rechercher le compromis » sans « baisser la tête lorsqu’on essaye de nous marcher dessus ».
« Le débat sur les retraites n’a pas fait exception », a-t-il déclaré en critiquant, sans le nommer, le président de la République : « Pour décrédibiliser notre action, certains ont tenté de nous faire un procès en irresponsabilité. Alors je le répète ici pour la dernière fois : c’est un faux procès ».
Dans son mot de conclusion, après une vidéo rendant un hommage humoristique et émouvant des militants, il a exprimé le « sentiment du devoir accompli », dévoilant qu’il allait désormais « se taire », « se reposer et réfléchir à la suite de sa carrière à partir de septembre ».
La première ministre Élisabeth Borne, qui avait rencontré les deux dirigeants à Matignon, a salué dans un tweet les « 10 ans de mandat de Laurent Berger à la tête de la CFDT », affirmant partager avec ce « responsable syndical exigeant et engagé (…) la conviction que le dialogue social est clé ». « Le travail avec Marylise Léon se poursuit. Je connais son engagement et sa volonté d’avancer », a-t-elle completé.