Une proposition de loi facilitant les démarches de changement de nom de famille a été adoptée en 1re lecture ce 26 janvier 2022 à l’Assemblée Nationale, permettant de changer son nom de famille. Un acte jusqu’alors très compliqué.
Une tradition patriarcale millénaire
Les noms de famille sont apparus en France au Xème siècle, ils sont issus de patronymes ou de surnoms que l’on donnait aux individus. Ces patronymes étaient attribués selon le nom d’un parent, la localisation de la personne ou encore une caractéristique morale ou physique. Vers le XIIème siècle, ces patronymes sont devenus héréditaires. C’est le nom du père qui s’est vite imposé en France. Selon Mme Mernac, autrice du livre Les Noms de Famille en 100 clins d’œil, « dans les villages où tout le monde était agriculteur, c’était celui qui sortait, qu’on voyait, les femmes restaient à la maison avec les enfants ». Une tradition qui apparaît donc dépassée aujourd’hui.
Ce nom de famille issu du père n’est pourtant pas une évidence partout, au Portugal ou en Espagne par exemple, on associe le nom du père et de la mère pour le donner à l’enfant.
En France, la loi du 4 mars 2002 autorise les parents à donner à leur enfant le nom de n’importe lequel de ses parents, ou même des deux. Cependant, la tradition est bien ancrée en France et en 2017, encore 82,4% des enfants portaient le nom de leur père.
Des démarches compliquées et encore inaccessibles
Pour certains, un nom de famille est difficile à porter et il est actuellement très compliqué de le changer. Ainsi, la loi qui sera débattue à l’assemblée nationale le 26 janvier 2022 permettra la facilitation des démarches. La proposition de loi vise à permettre à tous les majeurs de demander de changer leur nom de famille une fois dans leur vie par simple déclaration à la mairie.
De nombreuses personnes souhaitant entamer ces démarches, témoignent « Je veux porter un nom qui a du sens, dans lequel je me retrouve ».
Les raisons de ce désir de changer de nom de famille sont multiples. Jessica, souhaite changer de nom de famille pour adopter celui de sa mère, elle explique « Il est parti quand j’avais 18 mois, j’ai grandi avec le poids de son absence ». Elle explique également vouloir « faire honneur à (ses) ancêtres et être enfin rattaché à (son) clan ». Sa demande a pourtant été rejetée par la justice. Elle compte aujourd’hui sur la proposition de loi pour pouvoir refaire sa demande.
Ce nom de famille unique pose également problème aux mères de familles séparées, Nadège a la garde de son enfant qui porte pourtant le nom de famille de son père « je dois me justifier d’être sa maman tout le temps, je trouve ça honteux ». Elle souhaite pouvoir ajouter son nom de famille au nom d’usage de son enfant. Elle est soutenue dans son combat par le collectif « Porte mon nom ».
A l’heure actuelle, les démarches pour changer de nom de famille sont très fastidieuses et payantes.
Ludovic est un jeune homme qui commence ces longues démarches, il explique « Il faut se rendre compte de à quel point c’est important d’avoir un nom qui nous correspond ».
