Judith Godrèche, actrice et figure du mouvement MeToo en France, dénonce une justice à deux vitesses après avoir été mise en examen pour diffamation par Jacques Doillon, qu’elle accuse de l’avoir violée lorsqu’elle avait 15 ans.
« J’ai hâte de venir expliquer la vérité »
« D’un côté, ma plainte contre lui se heurte à la prescription. De l’autre, pour sa plainte contre moi, la justice ne perd pas de temps », écrit-elle. Et d’interroger : « À votre avis, ça encouragera les victimes à dénoncer les violences qu’elles ont subies, ou ça les dissuadera ? »
Malgré tout, Judith Godrèche affirme attendre avec impatience un procès en diffamation, sauf désistement de Jacques Doillon. « J’ai hâte de venir expliquer la vérité de son comportement », souligne-t-elle.
Après la plainte déposée par l’actrice début 2024, suivie par trois autres témoignages, une enquête avait été ouverte. Le cinéaste de 81 ans, figure du cinéma d’auteur, avait été placé fin 2024 sous le statut de témoin assisté. Il conteste fermement les accusations.
La plainte en diffamation : une arme d’« intimidation » ?
Dans les affaires de violences sexuelles, le recours aux plaintes en diffamation est régulièrement dénoncé par des plaignantes comme une arme d’« intimidation ».
Le 6 septembre, un collectif de journalistes s’est inquiété de la mise en examen de la journaliste sportive Marie Portolano, poursuivie pour diffamation par Pierre Ménès après avoir relaté une agression sexuelle survenue en 2016 sur le plateau de Canal+. Selon ce collectif, de telles procédures provoquent « une inversion de la charge victimaire: au lieu d’entendre la parole d’une femme qui dénonce des violences patriarcales, c’est elle qui se trouve en position d’être attaquée en justice ».